Beck Industries rejoint l'anglais Cooper & Turner

07/08/2019 Olivier Ducuing Entreprises

Karine Charbonnier, dirigeante de Beck Industries, est aussi vice-présidente du conseil régional au côté de Xavier Bertrand

Armentières. L'anglais Cooper & Turner reprend le groupe familial de boulonnerie de sécurité, dont les dirigeants entrent au capital et dans l'exécutif du nouvel ensemble.

Karine et Hugues Charbonnier viennent de réussir une opération très stratégique pour leur groupe de fixations industrielles, Beck Industries. Eco121 avait consacré un photoreportage à cette entreprise fa- miliale en 2015. Elle avait déjà des fourmis dans les jambes depuis quelques années et avait acquis deux entreprises, à Singapour et en Allemagne. Beck Industries représente aujourd'hui un ensemble de 600 sa- lariés à travers 9 entités dont trois en France, pour un chiffre d'affaires de 75 M€. Cette fois, c'est lui qui se fait croquer (à 100%) par Copper & Turner, mais les dirigeants français entrent au capital et dans la gouvernance du nouvel ensemble comme vice-présidents exécutifs. Le Britannique est un peu plus gros en ventes que le Nordiste (100 M€ environ), mais avec moins de salariés (500), son activité étant orientée sur la grosse série. Les deux entreprises sont saines, profitables (mais leur résultat est tenu secret) et en croissance.

Elles sont à la fois proches dans leur métier et leur culture, mais très différentes par leurs produits et leurs zones de force : Beck est très présent dans l'énergie traditionnelle et le nucléaire, Cooper est orienté vers les énergies renouvelables et la construction. Par secteur géographique, Beck n'avait jamais réussi vraiment à percer aux Etats-Unis ou en Asie, territoires de prédilection du Britannique. La constitution d'un nouvel acteur fort de 17 installations dans le monde, avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 175 M€, permet aussi d'apporter une réponse internationale au marché lui-même toujours plus mondialisé.

Le projet plutôt que le contrôle familial

L'opération a été jugée très favorablement par le personnel de Beck Industries dont les différentes instances représentatives ont toutes soutenu le projet. Avec une perspective non seulement d'aucune restructuration mais d’une forte croissance organique, avec sans doute des embauches. « c'est une super belle opération dont on est très fiers. on est en train de construire le leader mondial de la boulonnerie de sécurité », s'enthousiasme Karine Charbonnier. « on s'était toujours dit qu'on préférerait de beaux projets plutôt que de tout contrôler dans la famille. Les entreprises qui perdurent sont celles qui savent se réinventer », analyse-t-elle. Les complémentarités des deux entités sont telles que les perspectives sont très élevées, tant pour la partie Cooper que pour Beck. Ainsi par exemple, le groupe d'Armentières (qui conserve sa marque) vise de gros développements dans l'univers de l'éolien sur le Vieux Continent. Ce rapprochement offre aussi une capacité d'adaptation supplémentaire face au Brexit, même si Beck avait déjà mis un pied en Grande-Bretagne, à Birminhgam. Cooper &Turner, basé à Sheffield, est présent aux Etats-Unis et en Chine.« on ne sait pas s'il y aura des droits de douane entre la France et la Grande-Bretagne, mais il y aura a minima un alourdissement de l'administratif », pointe l'arrière-petite-fille de la fondatrice de Beck en 1918. Karine Charbonnier juge l'outil industriel actuel adapté au développement attendu. Pas d'investissement stratégique en vue donc, mais un cap résolu mis sur le croisement des besoins des clients et la croissance organique. « Mais en gardant l'esprit Pme, la culture de proximité et la souplesse, tout en profitant des synergies », dit-elle. Le début d'une nouvelle histoire.