Enquête: L'automobile régionale remonte en puissance

La Talisman produite chez Renault Douai, le succe?s de la Yaris e?coule?e a? raison de 228 000 exemplaires l'an dernier, une hausse de 13,2% des investissements dans la filie?re en 2015 selon la Banque de France... Constructeurs, e?quipementiers et fournisseurs sont unanimes : le marche? sest refait une sante? apre?s des anne?es de licenciements massifs et de chute de la production. En 2015, la grande re?gion Nord Pas de Calais Picardie a produit 600 000 ve?hicules. Un chiffre qui pourrait monter jusqua? 700 000 en 2016. Ces trois dernie?res anne?es, les grandes usines des constructeurs automobile ont investi pas moins de 2 mds , a? la suite daccords de compe?titivite?. « Tout le monde et tous les grands sites de la re?gion en ont be?ne?ficie?. La de?cision a e?te? prise dinvestir en Nord-Pas- de-Calais pour des raisons logistiques. "Nous sommes au cur de lEurope, pre?s de lAllemagne, de lAngleterre et de la Belgique », analyse Luc Messien, directeur du po?le automobile re?gional.
Plus de valeur ajoutée
Retour dun a?ge dor ? Pas vraiment. Jadis, le nombre de ve?hicules sortant des chai?nes de montage nordistes approchait le million. Les re?centes mutations du secteur privile?gient des volumes plus modestes et les mode?les hauts de gamme. « Il y a un double effet : la remonte?e en nombre de ve?hicules fabrique?s a? Douai na rien a? voir avec celui dil y a 5 ans. Cela implique plus de valeur ajoute?e et une main duvre qualifie?e. Renault Douai a du? former son personnel. Les fournisseurs en profitent e?galement », te?moigne Luc Messien. En 2015, l'usine de Douai, dont la production a augmente? de 20%, a entame? lindustrialisation du nouvel Espace tre?s bien accueilli par les clients. Pari gagnant : la Talisman, nouvelle berline de la marque au losange, fabrique?e depuis quelques mois a e?te? e?lue plus belle voiture de lanne?e dans un salon international. Suivront courant 2016 le break Talisman, le nouveau Scenic et le grand Sce?nic. La direction du site vient dannoncer le recrutement de 105 CDI courant 2016 De son co?te?, Toyota Onnaing vient de ce?le?brer ses 15 ans de production dans le Nord avec des perspectives toujours fortes et une production toujours plus oriente?e vers les hybrides. Moins impacte?e par la crise, la fabrication dutilitaires connai?t elle aussi un sensible regain. En 2015, MCA Maubeuge aura fabrique? 151 000 ve?hicules dont les Kangoo ZE et la Mercedes Citan. Le site pourrait biento?t be?ne?ficier dun nouvel investissement de 5 M et pre?voit de recruter 31 personnes dici fin juin. « Nous sommes dans un marche? soutenu et stable. Avec la le?ge?re reprise e?conomique de 2015, les artisans ont achete? de nouveaux ve?hicules utilitaires », commente Philippe Descamps, Directeur du po?le industriel Nord-Est Renault.
STA : production en hausse de 23%
Avec plus de 87 000 ve?hicules produits en 2015, lusine Sevelnord de PSA (Hordain) dou? sortent le Jumpy de Citroe?n, les Expert de Peugeot, le ve?hicule multimarque G9 et biento?t le Kze?ro, voit son volume croi?tre tous les ans depuis 2012. « Lutilitaire est une valeur su?re qui vous garantit du volume et ils ont un cycle de vie plus long que les ve?hicules classiques », affirme Patrick Le Guyader, responsable du Po?le Industriel Nord de PSA Peugeot Citroe?n. Idem pour les boi?tes de vitesse et les moteurs. STA Ruitz, fabricant de boi?te de vitesses pour ve?hicules Renault et pour lexport a vu sa production bondir de plus de 23 % entre 2014 et 2015. Le bilan est plus mitige? a? la Franc?aise de Me?canique de Douvrin dont le CA a stagne? sur les trois dernie?res anne?es. Le site en pleine re?organisation spatiale connai?t ne?anmoins une monte?e en cadence avec le moteur EB et se pre?pare a? la nouvelle ge?ne?ration de moteur diesel. UMV produira en 2017 une boi?te de 6 vitesses manuelles.
« Il faut toujours rester prudent. Nous constatons une activite? soutenue porte?e par de nouveaux produits. On n'est jamais a? labri dun revirement semblable a? celui de 2008 et il faut toujours rester prudent par rapport aux attentes voulues par le marche? », temporise Philippe Descamps. Quid des e?quipementiers et fournisseurs ? Lembellie du marche? se re?percute sur tous les carnets de commande. La grande re?gion automobile en compte 450 soit 55 000 emplois. Les exemples sont nombreux. Apre?s 12 plans sociaux conse?cutifs, SNWM (traverses de planches de bord et emboutissage) a repris les embauches le?te? dernier sur ses deux sites de Douai et Sin- le-Noble. A Gondecourt, Reydel Automotive ou? sont fabrique?s les tableaux de bord de la Talisman et de la Smart a vu son activite? bondir de 20 % en 2015 (lire ci-contre).
« Nous avons un plan moyen terme assez prometteur. En 3 ans, nous avons double? notre chiffre daffaires », se re?jouit de son co?te? Yannick Mace, directeur du site Faurecia dHe?nin-Beaumont. Autrefois simples exe?cutants, ces e?quipementiers, parfois dote?s dun centre technique, assurent de?sormais des prestations R&D et proposent des solutions technologiques. A linstar de Faurecia Meru, du centre de recherche de Reydel Automotive a? Harnes ou encore de Plastic Omnium ou Mecaplast. Et de?veloppent depuis une dizaine danne?es un savoir-faire logistique de plus en plus pointu pour sadapter aux exigences des constructeurs. Le flux direct ou plus re?cemment le picking-kitting le transport des pie?ces par un chariot filoguide? jusqua? lope?rateur leur re?clament de de?poser leurs pie?ces en bord de ligne ou au niveau du film de production selon lordre dassemblage. « On ne peut plus travailler dans lautomobile si on n'est pas logisticien. Nous devons livrer des pie?ces selon les impe?ratifs de chaque client qui sont standardise?s », constate Marc Puech, responsable marketing chez Agrati, fabricant de fixations me?talliques implante? a? Vieux-Conde? et Fourmies.
Virage technologique majeur
Si la reprise est bien la?, dautres de?fis se profilent a? lhorizon pour les constructeurs et e?quipementiers qui ne?gocient de?ja? un virage technologique majeur. Tout lenjeu consistera a? de?velopper et fe?de?rer la matie?re grise re?gionale. Cre?e? en 2005, le po?le de compe?titivite? I-trans de?die? aux transports automobile et ferroviaire regroupe pre?s de 100 acteurs universitaires, entreprises ou e?coles dinge?nieurs. Avec des ambitions beaucoup plus affirme?es dans l'automobile. Lorganisme a accompagne? depuis sa cre?ation 93 projets dinnovation autour des nouvelles motorisations, de lacoustique et des proce?de?s industriels. Plusieurs chantiers attendent la filie?re : le de?veloppement du ve?hicule autonome sur lequel sest de?ja? positionne? lUTC de Compie?gne. Puis, dans un avenir plus rapproche?, lhybridation des moteurs. Avec en premie?re ligne des sites comme Valeo, le CrittM2A de Bruay-La-Buissie?re et son centre dessai e?lectrique. « Le ve?hicule e?lectrique na pas encore atteint son seuil psychologique pour convaincre le consommateur. Dici 2025, nous allons tendre vers lhybride », pre?dit Julien Dive, coordinateur projet automobile au po?le I- Trans. La ge?ne?ralisation de la voiture 100% e?lectrique, pour linstant cantonne?e aux collectivite?s et aux flottes dentreprise, devra attendre un peu. Me?me si la re?gion compte de?ja? des entreprises leader en la matie?re a? limage du fabricant de bornes de recharge DBT, tout juste entre? en bourse avec succe?s. « Nous avons une bonne chai?ne de valeur qui se structure en re?gion. Cest une question dautonomie et de cou?t acceptable », analyse Julien Dive. Pour pre?parer aux me?tiers de demain, la formation jouera un ro?le essentiel pour anticiper les besoins de la filie?re. Tel sera le ro?le du campus des me?tiers des qualifications du ferroviaire, de lautomobile et de le?co-mobilite?. Dans les prochaines anne?es, ce re?seau compose? de?tablissements du secondaire et de lenseignement supe?rieur ou de laboratoires dentreprises sera charge? de mettre en place des parcours de formation. Et pérenniser une reprise che?rement acquise.
E.V.
Ces articles peuvent également vous intéresser :

Olivier Talbert et Olivier Bonneval, Le duo gagnant des business clubs
Les deux Olivier Talbert et Bonneval ont lance? contre toute raison dans une re?gion de?ja? dense en re?seaux un nouveau club de dirigeants en septembre 2013 a? Valenciennes. Deux autres ont suivi a? Lille et Lens, et le concept va e?tre franchise?. De?coiffant.

Interview de Jean-René Lecerf: " Si nos départements se retrouvent sous tutelle, cela veut dire que nous sommes la Grèce."
Le Nord, premier de?partement franc?ais par la taille et par le budget -supe?rieur a? celui de la nouvelle grande re?gion- est en situation de quasi-faillite. Un an apre?s son e?lection, son pre?sident Jean-Rene? Lecerf e?voque le plan de redressement de la collectivite?, mais aussi le bras de fer sans merci engage? avec l'Etat. Rencontre.