Jean-Paul empereur, le roi du multi-marques

En trois décennies, l'autodidacte roubaisien a bâti une véritable ETI familiale de la vente automobile en région. Il pousse les gaz dans le Douaisis avec une nouvelle cité automobile et un nouveau siège. Décoiffant.

 

Vous savez, nous ne sommes qu'au 61e rang français ». Jean-Paul Lempereur, 58 ans, cultive la modestie. Quand, il y a 32 ans, il ouvre sa première concession automobile perdue en plein bassin minier, avec quatre salariés, il n'imagine pas un jour diriger un groupe de 430 personnes, vendant 12 000 voitures par an avec 22 points de vente ! Un groupe qui a même décroché cette année les masters Autos Info 2018 de la plus forte progression du chiffre d'affaires et de la meilleure rentabilité ! Hormis un parrain agent Renault et son petit garage miniature quand il était enfant, rien ne prédestinait ce fils d'un menuisier et d'une cantinière à devenir un as de la vente automobile. Juste après son bac G2, son seul diplôme, il trouve un boulot de prospecteur commercial pour la marque Datsun, disparue il y a longtemps. « A 18 ans, je tirais des sonnettes ! », se souvient ce pur autodidacte natif de Roubaix. Quelque temps plus tard, il se fait embaucher comme responsable commercial par une concession BMW qui ouvrait boulevard Clémenceau dans sa ville. Deux ans après, l'idée de se mettre à son compte le taraude ; c'est dans l'air du temps des années Tapie. Il apprend qu'Opel recherche un concessionnaire dans le Nord. Il envoie crânement son CV à la maison-mère, General Motors. Qui accepte et l'envoie ... à Courrières.

« Ça n'existait pas sur la carte de France ! Il a fallu que je regarde sur Ravet-Anceau », sourit-il. Avec 25 000 francs en poche (3700 €) et une hypothèque sur sa maison, il se lance, sur une clientèle encore composée largement de mineurs de fond. Le succès est immédiat. « Deux ans après, j'avais fait le double des prévisions !» Sa recette ? « Apporter de la proximité avec de la qualité, avec des valeurs d'honnêteté, de sincérité et de respect ». Il réinvestit tous les bénéfices, une recette qu'il a toujours pratiquée depuis. Il rachète ainsi, au rythme d'une par an, la concession Opel de Lens, puis celles de Béthune, de Bruay, d'Arras et de Douai. En 2000, le groupe Lempereur couvre tout l'Artois pour la marque alors allemande (rachetée par PSA depuis).

Pionnier du multi-marquisme

Cette année-là lui offre un tremplin inattendu : la commission européenne autorise le « multi-marquisme». Jean-Paul Lempereur s'engouffre et part à la conquête d'autres griffes. Il en gère pas moins de 10 aujourd'hui. Il sera parmi les tout premiers en France à créer des villages automobiles mariant plusieurs marques, une concentration plus efficace commercialement que les concessions isolées. Le premier ouvre en 2000 à Liévin, sur 5 ha d'une ancienne friche minière. Un autre suivra à Beaurains en 2010. Il s'installera aussi, de façon moins organisée, à Béthune. Aujourd'hui, c'est dans la zone du Luc, près de Douai, qu'il reproduit le modèle, avec en prime la construction du nouveau siège du groupe. Un bâtiment de 1500 m2 qui permettra l’an prochain d'unifier des services centraux disséminés, mais aussi de marquer une étape dans la croissance jamais démentie du groupe.

Même au pire de la crise internationale, il tient le cap. « Je n'ai jamais connu une seule année déficitaire ». Avec un atout important : une palette de cinq métiers, qui peuvent se compenser l'un l'autre, entre le neuf, l'occasion, la mécanique, la carrosserie et les pièces de rechange. Proche de Xavier Bertrand, lui-même passionné d'automobile, et de Gervais Martel – le groupe est partenaire auto du RCLens depuis 30 ans, Jean-Paul Lempereur veut voir plus loin : dans le métier d'abord, en poussant sur le digital (déjà 30% des ventes d'occasion) et en élargissant ses territoires, mais aussi dans la formation avec sa propre école (32 recrues cette année) montée avec l'appui de la Région ; cet amateur de bons vins et de roadtrip à moto à travers la France -sur sa Honda Goldwing DCT- songe aussi à la transmission de ce groupe 100% familial. Son fils Maxence l'a déjà rejoint pour piloter les affaires Volvo

OD

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