Sinequae : d'une étude d'huissiers classique à ... ETI

« On vient de recruter 11 personnes en juin, et on en recherche encore 15 , dont un community manager! » Chez un huissier de justice, le propos ne manque pas d'étonner. La « Marianne » trône pourtant bien au-dessus de l'entrée de la société calaisienne Sinequae, à quelques mètres de l'hôtel de ville. Tout a débuté il y a 25 ans par le rachat d'une des 1700 charges françaises d'huissier, par Hervé Marcotte-Ruffin. 

Rapidement, ce Calaisien de toujours tente des activités un peu inédites, comme l'organisation d'enchères automobiles sur le parking du centre commercial Cité Europe, qu'il arrêtera en 2000, ou encore la création d'une start up de vente aux enchères sur Internet. Mais l'affaire fera long feu. En 2005, l'étude accueille en son sein un jeune stagiaire en première année de droit. « Ça a accroché ! », raconte David Courbot, associé aujourd'hui. Il devient salarié trois mois après, tout en poursuivant ses études qu'il achèvera en 2007  à l'ULCO. Son arrivée est alors l'occasion pour l'étude, transformée en société d'huissiers, de se diversifier, parmi les pionniers de la profession, dans les activités de recouvrement dans le secteur concurrentiel.

Banques, groupes automobiles, distributeurs, dont on ne peut divulguer le nom, les clients sont très nombreux à vouloir confier leur recouvrement - avec ou sans titre exécutoire - à peu d'acteurs, couvrant tout le territoire français. Comment ? Sinequae -ainsi baptisée depuis le début d'année- traite en amont les dossiers de manière uniformisée et numérisée, en respectant les cahiers des charges différents des clients, et assure le recouvrement final. Il utilise le relais territorial de ses confrères pour cela. Objectif : assurer « la valeur ajoutée du dernier kilomètre », avec la même qualité de travail. La société a d'ailleurs repris en direct plusieurs offices régionaux, à Aix, Aubervilliers, Meudon notamment, et compte une filiale à Lille. D'ici la fin de l'année, Sinequae comptera 8 offices, et 12 associés dont elle mutualisera le back office et les fonctions support.« Il n'y a rien d'extraordinaire à cela. sauf qu'on est huissiers », sourit Hervé Marcotte-Ruffin. 

Plateaux dédiés

Pour gérer l'activité, plusieurs équipes installées à différents étages sur des plateaux dédiés à des clients spécifiques traitent des centaines de dossiers. Sous leur casque, ils assurent le recouvrement. Avec une montée en régime spectaculaire : les quatre salariés d'origine sont devenus ... 246, pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 10 M€, contre 8,4 M€ l'an dernier. Et l'avenir ? Hervé Marcotte-Ruffin se refuse à toute extrapolation. Mais il observe que le marché de la cession de créance est en train de mûrir vite, sous l'effet du durcissement des normes bancaires. La société est bien positionnée pour en traiter une partie pour le compte de ses clients, et elle se lance aussi dans une activité de digitalisation, qui est déjà un levier de croissance important. Les recrutements se sont accélérés récemment, avec 150 nouvelles embauches depuis 18 mois, dans le cadre de son essor, nourri aussi par la transformation de la profession dans le sillage de la loi Macron. Une fierté pour les deux associés, très attachés au développement de leur territoire – et ardents défenseurs en leur temps de l'implantation du Louvre à Calais. Car les effectifs sont pour l'essentiel calaisiens, recrutés davantage sur des habiletés que sur des diplômes. Un modèle qui permet de voir l'avenir avec sérénité. « Si nous étions à Lille, nos équipes seraient chassées à longueur de semaine », observe David Courbot. 

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