Numéro #115

Numéro #115 28/10/2021

Edito

Nucléaire ? Ja danke !

Souvenons-nous de nos transhumances vers le sud il y a vingt ou trente ans. Nous croisions alors des voitures allemandes flanquées sur la lunette arrière de leur autocollant jaune avec un soleil rouge affirmant « Atomkraft ? Nein danke ! » L'énergie atomique ? Non merci, pour les non germanophones. Autre temps, autres mœurs. Certes, l'opinion allemande est toujours résolument anti-nucléaire, traumatisée par l'accident de Fukushima, issu d'un tsunami inégalé, 25 ans après celui de Tchernobyl. Dans leur sillage, l'opinion française avait aussi majoritairement basculé dans le camp du « no nuke ». Mais la décision brutale de l'arrêt du nucléaire allemand, prise quelques jours seulement après Fukushima, se paie d'un prix énorme, dix ans plus tard. Si les énergies renouvelables ont fait florès outre-Rhin, représentant désormais la moitié de la production électrique, l'utilisation intensive des centrales à charbon, lourdement émettrices de CO2, pour compenser l'intermittence, sans compter la flambée des prix de l'énergie et la dépendance gazière face à la Russie, représentent un bilan largement désastreux. Sans compter les nuages de poussières qui dégradent régulièrement l’air lillois.

Cancres

Il n'est que de consulter l'excellent site electricitymap.org pour s'en convaincre. Il représente la carte mondiale de production d'électricité à travers ses émissions de carbone. La France y figure constamment en vert (74 g de CO2 le 13 octobre par ex), quand l'Allemagne (440 g) ou la Pologne (688 g!) font figure de cancres. Nos barrages y sont certes pour beaucoup (près de 6% de notre électricité), mais bien davantage le nucléaire (72,6% ce même 13 octobre). Zéro

émission de CO2, souveraineté énergétique, prix stable, capacité à compenser l'intermittence des ENR, le nucléaire a de puissants arguments pour lui, surtout après la forte sévérisation des normes de sécurité post Fukushima. Emmanuel Macron a relancé un discours pronucléaire, pour des petites unités. Il est temps de passer à la phase suivante, sans oublier évidemment la question prioritaire de la gestion des déchets. Mais la mise en place du nucléaire s'inscrit dans un temps long, voire très long, alors que l'urgence climatique est là. Les décisions de renouvellement des centrales, à commencer par Gravelines chez nous, doivent s'enclencher vite. Il est temps de voir fleurir des « Nucléaire ? Oui, merci ! »

Olivier Ducuing

Directeur de la rédaction

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Publié le 29/02/2024

Numéro #139

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