Commerce : Le Hainaut fait le pari du projet collectif et de l'ingénierie

Face au déclin des centres-villes et au développement du commerce de périphérie, la CCI Grand Hainaut se veut force d'expertises et de propositions.

"Ou ils se laissent mourir, ou on leur amène une intelligence collective à même de mettre tous les intervenants autour de la table. Mettre de l'argent ne suffit pas, l'action doit être multi-factorielle, il faut remettre l'habitant et le client au centre de la réflexion...” Pour Didier Rizzo, vice-président à la CCI Grand Hainaut et président de la commission Commerce régionale, et Rodolphe Richez, directeur à la direction Appui aux entreprises à la CCI Grand Hainaut, la première réponse face à l'évasion commerciale est de créer le nécessaire environnement favorable. Ceci à travers des projets collectifs permettant d'intégrer par les professionnels des centres-villes et des territoires les autres formes commerciales.

Dépendant de beaucoup de facteurs - société, consommateur, technologies..., le commerce est un sujet complexe qui suppose une stratégie globale et transversale autour d'une équipe d'ingénierie dédiée. “Toutes les villes moyennes sont malades, même les plus petites comme caudry (15 000 habitants). ceci explique cela, en partie au moins, les villes souffrent aujourd'hui de 20 ans de développement anarchique du commerce de périphérie. Le pire est que cela continue, malgré quelques petites victoires à notre actif”. Les CCI mutualisent et capitalisent les actions menées à l'échelle des Hauts-de-France. Cette expertise et l'ingénierie qui l'accompagne, la CCI Grand Hainaut les propose aux territoires qui commencent à prendre conscience de son intérêt.

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Comité d'enseignes mixte

Avec des résultats tangibles, liés au travail de sensibilisation auprès des élus, dûment argumenté par des enquêtes comportementales d'achat des ménages lancées depuis 2012. “Nous étudions les flux commerciaux à une échelle et à une qualité jamais atteinte, détaille Didier Rizzo. sur cette base, à chaque projet d'implantation ou d'extension, nous adressons aux participants et votants en CDAC un avis économique argumenté, qu'il soit favorable ou non, toujours dans un esprit constructif. Qu'ils en tiennent compte ou pas, c'est leur choix. Ils ne peuvent pas dire qu'ils ne savent pas. Nous sommes les seuls dans les Hauts-de-France à le faire...”

Ce fut le cas dans le très récent dossier Auchan Petit-Forêt. A l'instar de ce qui se passe en Allemagne où certaines enseignes sont exclues de la périphérie au profit du centre-ville, la Fédération des travailleurs indépendants de l’agglomération de Valenciennes a proposé -en vain- à Ceetrus (ex-Immochan) la création d'un comité d'enseigne mixte décisionnaire sur la pertinence des droits d'accès des enseignes dans sa galerie. D'où un recours en CNAC avec un rejet signifié le 27 septembre, la veille – ironie du calendrier – de la signature par Valenciennes et Denain d'une convention Action coeur de ville”.

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“Un tel projet de requalification-extension, soit 60 000 m2 supplémentaires avec des enseignes du centre-ville démarchées pour le quitter, c'est clairement à court terme la destruction du centre commercial de Valenciennes en tant que zone résidentielle, de vie, d'habitat, de zone d'accueil d'entreprises... L'enjeu dépasse le simple sujet du commerce”, souligne Didier Rizzo.

Signe de la forte sensibilité de l'opinion sur le sujet, les Rencontres du commerce en Grand Hainaut organisées à la Serre Numérique ont été suivies cet automne par 450 décideurs économiques.

Luc Maréchal 

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