Comment le tourisme peut-il s'adapter au changement climatique?

Le Parc Astérix (Crédit : Sylvain Cambon) Le Parc Astérix (Crédit : Sylvain Cambon)

Après une première phase d’expérimentation en 2021-2022 sur sept site régionaux recevant plus de 100 000 visiteurs, l’organisme lance une deuxième vague d’accompagnement.

Le changement climatique impose de s’adapter. A Lille, la température a grimpé de 2,3° depuis 1955. Les estimations les plus récentes, telles que celles du groupe I du GIEC, indiquent que le seuil mondial de +1,5°C (soit + 2° en France) risque d’être atteint plus tôt, au début des années 2030. La sécheresse s’intensifiera, les épi- sodes de précipitations se multiplieront. « Il faut reconnaître la réalité du réchauffement et gérer l’inévitable, explique Eliane Métreau, animatrice action internationale, adaptation et alimentation de l’ADEME (eliane.metreau@ademe.fr). L’adaptation, ce n’est pas l’atténuation. L’atténuation consiste à éviter les +4° en 2100, alors que l’adaptation pose la question de comment vivre à +2°? »

Le secteur du tourisme subit au premier chef les conséquences du réchauffement. En 2021-2022, la direction régionale des Hauts-de-France de l’ADEME avait lancé une expérimentation afin de trouver des solutions pour accompagner les sites touristiques face au changement climatique. 7 sites parmi les plus fréquentés des Hauts-de- France, c’est-à-dire recevant au moins 100 000 visiteurs par an, avaient été sélectionnés : le Parc Astérix (photo), les Parcs d’Olhain et du Marquenterre, la ville de Gerberoy, la station nautique des Ville-Sœurs, les marais de Long et Longpré, et enfin le territoire du Parc naturel régional de la Baie de Somme. L’accompagnement consistait en un diagnostic de vulnérabilité du site, pour évaluer comment il serait touché par le changement climatique à l’horizon 2050, et l’élaboration d’un plan d’action pour y faire face. La vulnérabilité du site dépend de trois critères : l’exposition aux aléas climatiques, la sensibilité au risque et la capacité d’adaptation. L’étude a été présentée en juillet 2022. « Elle a eu un tel retentissement que l’ADEME a décidé de lancer un nouvel appel à candidature, rapporte Eliane Métreau. Cette deuxième vague intensifiera les efforts sur quatre nouveaux critères.

En premier lieu, il s’agira de privilégier les Solutions d’Adaptation fondées sur la Nature (SAfN). La neutralité carbone ne sera jamais atteinte sans prendre en compte la végétalisation qui joue son double rôle d’apporter de la fraîcheur et de stocker le carbone. Par exemple, si le Parc Astérix végétalisait l’ensemble de ce qui peut l’être, cela lui coûtera 220 K€. En revanche, une journée de canicule entraînerait en estimation grossière une chute de sa fréquentation de 30%, soit un coût estimé de 260K€. Secundo, l’ADEME veut favoriser l’action par « la théorie du pied dans la porte ». Le plus compliqué s’avère d'instituer une première action. Une fois réalisée, les autres se mettent en route automatiquement ou presque. Tertio, l’ADEME entend tester sur le terrain les idées développées dans le guide sur l’adaptation du tourisme au changement climatique, élaboré au niveau national. Enfin, il faut travailler dans des zones d’adaptation résilientes. « Autour d’un site gravitent des restaurants, des hébergements, qui sont confrontés aux mêmes aléas, note Eliane Métreau. Il faut embarquer tout le monde, faire de la coopération.»

 

Pour en savoir plus sur les aides de l’ADEME https://agirpourlatransition.ademe.fr

 

Attention à ne pas mal s'adapter

Les intempéries climatiques soulèvent de nombreux problèmes. S’il est nécessaire de s’adapter, il faut aussi le faire correctement. Quand il fait trop chaud, les gens ont tendance à pousser la climatisation. Ce qui a pour conséquence d’augmenter les besoins en énergie souvent fossile et d’accroître les émissions de gaz à effet de serre. On entre alors dans un cercle vicieux. Il est donc nécessaire d’éviter la mal-adaptation. Ainsi plutôt que de choisir la climatisation, il vaut mieux en premier lieu isoler les bâtiments et en optant par exemple pour la pose d’une toiture végétale. 

Appel à candidatures

Pour la deuxième vague de l’accompagnement climatique, l’ADEME recherche 10 sites touristiques des Hauts-de-France fortement fréquentés et 5 territoires à fort enjeu touristique. Une première annonce a été lancée lors du World Forum for a Responsible Economy, qui s’est tenu les 21 et 22 novembre derniers à la Cité des échanges à Marcq-en- Barœul. La sélection se poursuit jusqu`à la fin de l’année 2023. Avis aux candidats !

Pour en savoir plus : Eliane Metreau (eliane.metreau@ademe.fr).

 

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