La « Capitale Mondiale du Design » va devoir mettre le turbo

25/10/2018 Olivier Ducuing Territoires

Un an après avoir gagné le titre éphémère de capitale mondiale du design en 2020, la MEL se met enfin en ordre de bataille. Avec pour arme principale les « POC ».

Octobre 2017 : Dans une salle chauffée à blanc, le président de la MEL Damien Castelain se lance dans un discours enflammé sur la brillante victoire de la métropole dans la course à la capitale mondiale du design pour 2020, face à Sydney. Après une mise en route laborieuse, et de gros courts-circuits avec l'association Lille Design, les équipes se disent parées, sous la direction de Denis Tersen, accompagné de Caroline Na- phegy. Ce haut fonctionnaire de Bercy au parcours marqué par l'international (dont 4 ans au Japon) et l'innovation a pris le train en marche en avril, et achève les recrutements de son équipe (12 personnes actuellement dont une mise à disposition par l'Université) tandis que les locaux du Comité de pilotage, au cœur du Vieux-Lille, étaient encore en travaux de fi- nition lors de notre visite. Autant dire que le temps presse, d'autant que les acteurs du design eux-mêmes sont nombreux à s'interroger sur la réalité du projet métropolitain, avec parfois des concepts pour le moins nébuleux comme « la République du design ».« Il y a une prise de risque raisonnée mais raisonnable de la candidature de la métropole », juge Denis Tersen qui met en avant deux grands atouts de notre territoire : une dynamique culturelle qui perdure depuis Lille 2004 capitale européenne de la culture, et des entreprises « qui ont su pivoter » comme Décathlon, forte de ses 270 designers dont 200 à Lille. Pour ce grand commis de la République, le design recèle un levier de transfor- mation et une capacité d'accélération capables de mettre en mouvement un territoire, un atout déjà mis en œuvre au Japon dans les années 90, mais aussi à Séoul ou Helsinki, anciennes capitales mondiales du design. De quoi travailler sur la compétitivité hors prix. C'étaient des capitales, Lille n'est qu'une métropole. « Lille a la taille critique ; avec les Hauts-de-France nous sommes plus importants que la Finlande, nous sommes un territoire qui avance », répond le directeur général, qui souligne le soutien de la Région mais aussi la participation de l'eurométropole.

400 "intentions de POC"

Le timing n'est-il pas intenable, avec de surcroît l'avènement d'échéances électorales très attendues et une fragilité politique de Damien Castelain ?« On est partis à fond, et maintenant on accélère ! » , rétorque Denis Tersen, qui rappelle l'enveloppe budgétaire très significative de l'opération, soit 13 M€. Et qui affirme que l'équipe est déjà dans le concret depuis six mois. Au cœur du dispositif, les POC, proof of concept, preuve de faisabilité d'une idée. Communes, entreprises, promoteurs, acteurs du territoires sont sollicités pour imaginer des projets de transformation faisant appel au des- ign. 40 designers sont déjà dans le circuit tandis que près de 400 « intentions de POc » ont été recensées. Mobilité, aménagement des berges de la Deule ou du canal de Roubaix figurent parmi les premières idées. Une plateforme numérique sera mise en place en décembre pour mettre en relation les différents acteurs du territoire et les designers.

2020 sera aussi l'occasion d'expositions, mais aussi des tests grandeur réelle par le grand public. Le programme complet des festivités sera dévoilé en décembre. Pour Denis Tersen, la cristallisation autour du projet a commencé. Il reste 12 mois pour le prouver

O.D.