Ceetrus : une nouvelle gouvernance pour accélérer sa mutation

Antoine Grolin prend la présidence de la filiale immobilière du groupe Auchan. Avec l'ambition affichée de la convertir en un acteur multitâche au service de la transformation de la ville.

Deux ans après son changement d'identité, Ceetrus (ex-Immochan) se bâtit une nouvelle instance de direction. Antoine Grolin (ci-dessous), 44 ans, prend place au siège de président, au côté du directeur général Benoît Lheureux. Ingénieur en génie civil d'HEI, ce membre de l'Association familiale Mulliez s'est fait expert des enjeux d'aménagement immobilier et urbain. En débutant comme conducteur de travaux chez Bouygues à Londres en 1999, avant d'être nommé directeur adjoint au Mozambique puis responsable d'études à Paris. Antoine Grolin reste président de Projex, bureau d'études spécialisé dans la conception technique, de l'aménagement et de la construction à Villeneuve d'Ascq (Eco121 n°91).

Cette nouvelle gouvernance vient nourrir la stratégie de transformation de Ceetrus qui, après 40 ans d'activité comme simple promoteur, souhaite devenir un acteur multi-casquettes ; à la fois promoteur, aménageur et gestionnaire de sites. "Le digital et les aspirations des consommateurs en constante évolution ont véritablement bousculé le commerce traditionnel. La ville est à bout de souffle, reconnaît le nouveau président. Il est primordial de régénérer les quartiers". Pour que ceux-ci deviennent plus écologiques, plus mixtes, plus connectés... et de véritables lieux de vie.

Construire la ville sur la ville

Les projets de Ceetrus mêlent désormais logements, commerces, services et animations. Avec ses 1 000 collaborateurs, le groupe possède 295 sites commerciaux répartis dans 10 pays, dont 76 en France. "Nous n'avons pas la volonté d'en créer de nouveaux mais de transformer ceux existants", raconte Benoît Lheureux, peu inquiet par la proposition de Jean Castex d'un moratoire pour l'installation de nouveaux centres commerciaux périurbains. De quoi envisager un changement profond du modèle actuel des grandes surfaces ? "C'est indéniable", répond Antoine Grolin. "Les grands centres se justifient moins aujourd'hui, renchérit le Dg. L'évolution des besoins est une bonne chose, elle nous pousse à requestionner notre offre, à innover. Mais le changement prendra du temps et demandera des investissements conséquents". A l'instar des 100M€ injectés dans l'extension du géant centre Aushopping de Noyelles Godault.

Ceetrus pilote actuellement une requalification urbaine sur 100 ha à Brasov (Roumanie) - la plus grande du pays, comprenant surface commerciale, bureaux, appartements et espaces de rencontre. Un projet similaire est en cours près de Budapest (Hongrie) sur un site existant. Il accueillera à terme un centre de fitness, des studios, des espaces de coworking et de nouvelles surfaces commerciales. En région, avec la Sem Ville Renouvelée, Linkcity ou encore la MEL, Ceetrus requalifie 80 ha de friche industrielle en bord de Deûle à Saint-André-lez-Lille. Dès 2025, le projet Quai 22 (photo) comptera entre autres 700 logements, 6 500 m2 de surface commerciale et 10 000 m2 de bureaux. Idem sur le site de la Maillerie (projet Nodi) - anciennement occupé par les entrepôts logistiques de 3Suisses, en pleine métamorphose pour donner naissance à un quartier mixte, co-construit avec les riverains.