Crystel Arnould "Ma journée est réussie quand j'ai pris de bonnes photos"

Qu-est-ce qui vous fait courir dans la vie ?

Au sens propre, rien! Je suis comme Churchill, " jamais de sport! ". Plus sérieusement, ce qui me plaît dans la vie, c'est d'être avec les gens.

Arrivez-vous à concilier vie de famille et professionnelle?

Oui, même s'il ne faut pas cacher que c'est du sport, pour le coup! Je suis très attachée à la qualité du temps que je passe en famille. Quand je suis là, je suis complètement là. J'ai une activité soutenue depuis toujours. Mes enfants sont habitués à me voir partir souvent, à tel point qu'ils sont étonnés de voir des mamans présentes tout le temps à côté de leurs enfants! Mais je ne me sens pas coupable quand je suis avec mes enfants de ne pas être au travail, ou quand je suis au travail, de ne pas être avec eux.

Avez-vous du temps pour des loisirs ?

Je les ai mis entre parenthèses jusqu'à il y a peu, avec la naissance de mon troisième enfant. Je vais recommencer à voyager, sur des projets un peu ambitieux. Et je reprends aussi ma grande passion, la photo, que j'avais complètement mise de côté.

La photo ?

Oui, j'ai démarré il y a plus de vingt ans, quand j'ai commencé à voyager. J'ai très souvent mon appareil avec moi. Cela fait partie du plaisir que je retire d'une journée ou d'un voyage. Ma journée est réussie quand j'ai pris de bonnes photos! Je compte me perfectionner avec un stage et des cours hebdomadaires.

Quel est votre photographe préféré?

Je reste dans une approche classique. Tout ce qui évoque des scènes me parle beaucoup, à la façon de Doisneau. Quand je suis assise à un café, je regarde les gens et je leur imagine des histoires. La photo, c'est la même chose.

Vous qui êtes originaire de Lorraine, quel regard portez vous sur le Nord ?

Je suis à Lille depuis six ans, mais j'y ai déjà vécu de 92 à 99. Les gens du Nord ont une réputation non usurpée de convivialité, qui n'existe pas dans d'autres villes. Je me souviens être sortie sur le Capitole à Toulouse pour faire la fête le 31 décembre...Il n'y avait personne! Et il y a ce bouillonnement culturel très spécifique à Lille, sans élitisme, comme l'opéra, avec une programmation très accessible, et des initiatives pour les enfants, je trouve ça génial.

Qu'est-ce qui peut vous mettre en colère ?

Professionnellement, je temporise beaucoup, je ne suis pas quelqu'un à me mettre en rogne toutes les cinq minutes. Mais ce qui m'énerve de manière générale, ce sont des décisions injustes.

Quel est le dernier film qui vous ait emballée?

Le discours d'un roi.

Le dernier livre que vous ayez lu ?

Je lis plutôt beaucoup. Le dernier, c'est " Faut-il manger les animaux ", de Jonathan Safran Foer. Il essaie de ne pas apporter de vision prosélyte et il pose des questions assez essentielles sur la place des uns et des autres. J'ai eu un peu le même sentiment que lorsque je voyais " la planète des singes " quand j'étais petite et que je me disais: et si nous étions les singes?

L'actualité internationale est plutôt lourde en ce moment, vous y intéressez-vous?

Beaucoup. A fortiori quand je suis allée sur place, comme à Tokyo, où je suis allée il y a deux ans pour mes quarante ans. Ce tsunami incroyable laisse sans voix. En plus j'ai très peur de l'eau, ça m'a énormément impressionnée.
Mais je suis également frappée de la réaction des Japonais, si différente de ce que pourrait être celle des Européens. Confrontés au drame absolu, ils ne se plaignent pas...

Qu'emporteriez vous sur une île déserte ?

Sûrement un gros bouquin qui me tient longtemps et qu'on peut relire, comme un bon Dostoïevski ou Belle du Seigneur, d'Albert Cohen. Et bien sûr un appareil photo !