Dans les coulisses de... l'Ina

L'Ina évoque un fabuleux réservoir d'images. Des images que la petite lu- carne a permis à chacun de s'approprier, qui s'entrecroisent avec les premiers souvenirs d'enfance, les soubresauts d'époques révolues, grands moments de télé ou petites séries entre amis...
L'Ina n'a pas encore 40 ans, mais elle a pris un sacré coup de jeune avec l'avènement du numérique. Fini les boîtes en métal classant des kilomètres de films, elle est devenue le premier centre d'archives numérisées au monde. Soit trois millions et demi d'heures de programmes radio et télé en stock, et valorisées par le partage, l'édition, la recherche... Cette mission de service public n'a pu être menée complètement qu'avec la collecte des fonds régionaux issus de France 3 et de Radio France.

La plus ancienne
Six délégations régionales ont progressivement permis de mailler l'Hexagone. La délégation Nord, basée à Lille Moulins, est la plus ancienne, créée en 1977, trois ans après sa maison-mère.

L'Ina Nord, c'est 21 000 heures déjà numérisées, soit 40%du total des fonds régionaux. Budget annuel du plan de sauvegarde et de numérisation: 110K€ sur un total 2 057 K€.

A sa tête depuis seulement quatre mois, Estelle Caron. Cette historienne de formation avec double cursus cinéma à Lille et Paris fut lectrice de scénarios pour Canal+, intervenante pédagogique, puis chargée de mettre en place à Pessac un centre de ressources cinématographiques ; l'Ina figurait à son conseil scientifique. Retour à la case Nord avec cette nomination qui la propulse à la tête des archives audiovisuelles de 10 départements du Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Haute- et Basse-Normandie. Soit quatre fonds TV et un fonds radio.
Avec son équipe – Jean-Noël, cadre documentaire, David, technicien, et Sylvie, assistante – elle supervise la numérisation de 3000 heures de programmes par an. Récupération bisannuelle des archives auprès des antennes régionales de France 3, traitement documentaire, création de notices, stockage, organisation du transport de lots vers le site de numérisation de Bry-sur- Marne, retour, vérification, complément de notice. Un planning géré à l'année et une logistique énorme. Les fonds de France Bleu Nord sont en cours de collecte.

Fresque Grand Nord ?
Une fois la conservation assurée, il s'agit de partager. La cession de droits est une activité courante, cessions commerciales vers des producteurs, éditeurs en quête de ressources ou à des clients institutionnels (musées, médiathèques, festivals...).
Mais chaque délégation doit aussi repérer sur son territoire les entrées pertinentes, relève Estelle Caron. Le site ina.fr lui offre un terrain d'expérimentation avec les "Fresques hypermédia", frises chronologiques thématiques où à chaque date correspond une série d'images sur lesquelles il suffit de cliquer pour déclencher une visionneuse. A la façonde "L'Ouest en mémoire (1940-2010)"financéparlesrégions Bretagne et Pays de la Loire, elle imagine déjà la fresque Grand Nord. "C'est un formidable outil de valorisation régionale."

Dans sa ligne de mire aussi, le développement de liens avec les universités et la mise en place de formations Ina décentralisées. Cette adepte de la logique de projet veut se rappro- cher des médiathèques, développer les projections et faire de l'Ina Nord un acteur de la diffusion culturelle. "Nous avons un vrai rôle à jouer en étant force de proposition pour les programmateurs."
Les pôles image Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Haute-Normandie ou le mémorial de Caen sont naturellement des interlocuteurs privilégiés. Le Louvre-Lens, sa maison du projet et son futur auditorium l'inspirent aussi beaucoup. Reste à trouver "la bonne entrée". L'Ina lui donnera la clé.