La santé au travail, un investissement source de progrès

Louis Leclercq est à la tête d'une petite entreprise de peinture de quatre personnes à Erquinghem-Lys, près d'Armentières. Comme une cinquantaine de dirigeants, il s'est rendu aux portes ouvertes organisées fin avril par les services de santé au travail Flandre-Audomarois. "Utilisateur de produits toxiques, qui peuvent présenter des risques respiratoires, j'ai eu l'occasion de rencontrer un expert en toxicologie". Demande d'informations générales ou conseils sur une problématique particulière, les motivations des visiteurs sont variées.

"La santé au travail ne se limite plus à la visite médicale bisannuelle, on est loin de l'image que l'on s'en fait avec le camion de radio stationné à la porte des entreprises", martèle Raphaël Mulliez, Président de l'Association régionale des services de santé au travail. "Elle offre des prestations encore méconnues de ses adhérents comme celles du Centre inter-services de la santé au travail (CISST)". Ce plateau technique met à la disposition des entreprises des spécialistes qui aident concrètement les responsables dans l'évaluation et la prévention des risques professionnels. Alcoologie, épidémiologie, ergonomie, toxicologie, risque routier, secourisme, incendie... tous les domaines sont concernés. "Le dirigeant de PME dispose ainsi d'outils comparables à ceux des grandes entreprises". 

Maladies professionnelles en hausse

Si les accidents du travail reculent (-3 %, contre 2% pour la moyenne nationale), les maladies professionnelles ne cessent de croître : + 25,5 % entre 2004 et 2008, contre 23 % au niveau national.
Les situations de stress ou "risques psychosociaux" se développent en entreprise. Le groupe AG2R La Mondiale vient de signer un accord de méthode sur un dispositif d'identification et de suivi des situations de stress au travail. Objectif défini par Monique Mackiw, DRH adjoint du groupe d'assurance, de protection sociale et patrimoniale : "identifier les situations et les facteurs de stress au travail auprès des 7000 collaborateurs de l'entreprise et élaborer un plan d'action individualisé site par site". Cette démarche associe tous les acteurs pouvant contribuer à la qualité de vie au travail, notamment les membres des CHSCT et les services de la santé au travail.

Les troubles musculo-squelettiques, en nette augmentation, représentent 75 % des maladies professionnelles reconnues.

Autre fléau : le bruit. Selon Corinne Lefevre, assistante santé travail sur le secteur de Flandre-Audomarois, "nous n'incitons jamais assez les salariés à porter leurs équipements de protection individuels. Rester exposer à plus de 80 décibels cause des dégâts irrémédiables". Api Restauration a identifié un risque auditif chez certains salariés qui se plaignent de bourdonnements d'oreille. Céline Figueredo, chef de service, référente Mase (manuel d'amélioration pour la sécurité) étudie diverses solutions. En matière de sécurité, le groupe poursuit deux objectifs : lutte contre les accidents et promotion de la santé au travail. "Lorsqu'un ouvrier se coupe, il faut qu'il prenne conscience que c'est le résultat d'une erreur et non le métier qui rentre".

Un pôle santé travail unique

Depuis le 15 juin, un seul pôle santé travail regroupe les six services de santé au travail de la région Nord-pas de Calais, soit 450 personnes dont 200 médecins. Objectif : se donner plus de moyens pour mieux répondre à l'évolution de la santé au travail. "Nous manquons de médecins du travail. Ce regroupement va permettre de mettre l'accent sur la prévention" explique Fabrice Prévost, directeur des antennes de santé au travail de Roubaix-Tourcoing et de Flandre Audomarois. "Nous attendons avec hâte la réforme qui devrait aboutir à la mise en place d'équipes pluridisciplinaires".