Laurent Hubard pilote une spin-off du CNRS et du CEA pour développer une batterie sodium-ion, alternative au lithium chinois. Un projet de souveraineté économique, porteur de100 emplois, au cœur des Hauts-de-France. Electrisant.

 

Notre région rev3 n'a pas le droit de perdre ce projet. Pourtant Laurent Hubard concède avoir déjà des appels du pied sonnants et trébuchants des Etats-Unis et de Chine. Il faut dire que la technologie de son entreprise Tiamat a de quoi faire rêver : développée par le professeur Jean-Marie Tarascon, à partir du laboratoire LRCS d'Amiens, le plus important d'Europe sur l'énergie électrique - 120 chercheurs, il s'agit d'une alternative française à la domination sans partage de la Chine sur la batterie lithium-ion. Depuis les années 90, cette technologie a pris le pas sur le plomb, grâce à sa capacité d'emmagasiner davantage d'énergie dans moins de volume. Demain, le sodium-ion pourrait prendre le relais, en s'affranchissant du même coup de la dépendance de notre économie aux terres rares chinoises. Cette technologie est le fruit de huit années de recherche associant le CNRS, le CEA, le collège de France et plusieurs universités, et est protégée par des brevets mondiaux. Les performances sont ex- ceptionnelles avec une ca- pacité de  recharge ultra-rapide, un volume de cycles énorme (5 à 8000), et une grande sécurité. Et avec une matière première abondante, le sodium, sans les impacts de pollution considérables du lithium. C'est en 2017 que Laurent Hubard, lillois de naissance, ingénieur ESCPI Paris, rentre dans le projet, après une rencontre avec les professeurs Tarascon et Morcrette, qui cherchaient à commercialiser leur découverte.

Dix scooters électriques

Après 10 ans chez Renault, L'Oreal, puis à la tête d'un cabinet conseil à Paris sur l'industrialisation et l'innovation dans l'industrie, le jeune homme a le profil parfait. Tiamat naît en septembre 2017.« Quand des industriels voient le CNRS, ils voient des chercheurs en blouse blanche. Notre travail est d'être crédible vis à vis des industriels », analyse Laurent Hubard. C'est déjà le cas : des pré-séries de batteries sodium-ion sont déjà produites, avec les équipements du hub de l'énergie d'Amiens. Les collectivités ont injecté 25 M€ dans ce pôle. Et dix scooters électriques circulent déjà avec les batteries Tiamat. Un premier tour de table a ramené 3,6M€ il y a un an, via Picardie Investissement, Finovam et CNRS Innovation. Tiamat est détenue par son management pour un tiers, les scientifiques pour un autre tiers et les investisseurs pour le reste. Il s'agit maintenant d'accélérer pour créer une première unité de production véritablement industrielle de 10 Mw, moyennant un investissement de 22 M€, qui serait rentabilisé en 18 mois. Le projet serait créateur de 100 emplois. « On fait le maximum pour boucler d'ici la fin de l'année », précise Lau- rent Hubard qui souligne à quel point la vitesse d'exécution est stratégique. « C'est un domaine très compétitif, il faut prendre place très vite dans les nouveaux business. c'est un sujet de compé- titivité économique ». En ligne de mire, la mobilité des véhicules, dopée par une réglementation eu-opéenne toujours plus exigeante en matière d'émissions polluantes.

Derrière la première unité de production que Tia- mat souhaite implanter en région, se profile déjà la phase suivante avec les « giga-factories ». On parle là d'investissements de 1 à 2 milliards d'euros et de 2 à 3000 emplois pour produire massivement. L'Europe aurait besoin de 25 usines de ce type, selon les projections. « Nous n'avons pas l'ambition de faire une giga-fac- tory nous-mêmes, mais d'ancrer une technolo- gie purement européenne », précise le patron de Tiamat, qui compte passer par la sous-traitance, une co-entreprise (JV), ou des accords de licence, à la manière de l'industrie pharmaceutique. Tia- mat a déjà structuré son management avec une équipe particulièrement « capée » en matière fi- nancière, industrielle et scientifique. Reste main- tenant à convaincre l'écosystème local. Et vite

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