Le plan pauvreté de l'Aisne se heurte à la crise

Ci dessus le chantier d'insertion "les créations d'Henri", lancé en septembre 2019 Ci dessus le chantier d'insertion "les créations d'Henri", lancé en septembre 2019

Annoncé en 2019 avec l'objectif de réduire significativement la part de bénéficiaires du RSA dans le département, le "plan pauvreté" de l'Aisne n' y est pas parvenu. Le Département est candidat à l'expérimentation d'un transfert de la gestion du financement à l'Etat.

Dans l’Aisne, depuis des décennies maintenant, tous les indicateurs de pauvreté restent bloqués dans le rouge. Le revenu moyen? 18604 € environ, à la... 89e place du classement français. Le taux de chômage ? Plus de 12% avant la crise... Au total, près de 20% des Axonais vivent sous le seuil de pauvreté, dont 40 000 bénéficiaires du RSA. Face à ce constat, des moyens considérables sont engagés. A lui seul, le département de l’Aisne mobilise chaque année plus de 100 M€ au seul financement du RSA sans pour autant pouvoir inverser la vapeur. « On voit bien que ces moyens conséquents, qui ne cessent de croître, ne donnent pas de résultats suffisamment positifs en matière de prévention et d’intégration », reconnaissait Nicolas Fricoteaux, le président (UDI) du Département de l’Aisne, lors du lancement Plan Aisne Actifs Plus, le plan "pauvreté" de l'Aisne, présenté en juin 2019. Objectif de ce programme voulu comme «innovant» ? Réinventer le modèle de l’insertion, pour le rendre « plus dynamique, plus incitatif, en le basant sur l’interactivité, sur l’accès aux droits mais aussi sur l’exigence des devoirs », selon le président.

Dès 2019, 3 M€ supplémentaires ont été mobilisés pour déployer cette stratégie, dont l’objectif annoncé était de faire repasser, en trois ans, le nombre de bénéficiaires du RSA de 17 000 à 15 000 foyers et à ramener ipso facto le montant des allocations versées de 106 M€ à moins de 95 M€. Aides à la mobilité, prêts de voiture, financement de permis B, renforcement de l'accompagnement des allocataires, stages en entreprise, contrats aidés dans les associations et les communes... Une batterie de 35 mesures, en trois volets, a été imaginée pour favoriser l’insertion.

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Contrat d’engagement réciproque

La principale reposait sur la mise en place d’un nouveau contrat d'enga- gement réciproque (CER), liant le bénéficiaire du RSA et le Département. Baptisé CER+, ce dispositif – qui n’est pas allé sans son lot de polémiques – visait à inciter les allocataires à consacrer, si possible, jusqu'à 35h par semaine à des démarches d'insertion. « Il ne s’agit pas pénaliser et de stigmatiser, mais bien d'accompagner et de valoriser », justifiait alors Nicolas Fricoteaux. Près de deux ans plus tard, les objectifs ambitieux se sont heurtés à la réalité du terrain et au mur de la crise. Le plan n’a pas empêché la facture du RSA de s’envoler. En août dernier, elle avoisinait 114 M€, une hausse de 9% en un an et de 15,87 % par rapport à août 2018. La situation est telle que le Département s’est déclaré candidat il y a quelques semaines, au même titre que la Seine-Saint-Denis – à une recentralisation du financement du RSA, donc géré directement par l'Etat. Une expérimentation qui permettrait, selon la collectivité, de dégager de nouvelles marges de manœuvre financières pour favoriser l’insertion. Cette année, l’Aisne va consacrer 393 M€ à l’action sociale, dont 118 M€ au seul RSA.

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