Marc Meurin " Pour moi, c'est le LOSC! "

Qu'est-ce qui vous fait courir ?

La passion! Je suis toujours en perpétuelle recherche, comment magnifier un plat, un légume. Aujourd'hui ce sont les dattes: vais-je les farcir avec une pâte de citron, avec un pois poêlé... Je suis curieux. Pour moi, la créativité est la victoire de la curiosité sur l'habitude. Certains voient des frites dans une patate. D'autres y verront une émulsion truffée, des petites galettes ou des chips enserrant une lamelle de chorizo ou de champignon.

L'intensité de votre métier vous laisse t-elle du temps pour votre vie de famille?

J'ai la chance de m'être installé avec mon épouse à l'âge de 20 ans. C'est plus difficile pour certains de mes collègues, dont la femme est avocate, médecin, ou travaille dans une société extérieure. J'ai une fille qui vit à Bruxelles, et que nous voyons deux fois par mois, une fois chez elle, et une fois ici.

Qu'aimez vous faire en dehors de cuisiner ?

J'adore voir les collègues! La restauration est un lieu magnifique où tous les sens fonctionnent. On peut très rapidement se retrouver dans des ambiances très différentes, c'est un lieu de rencontre où l'on côtoie des gens hors de leur milieu habituel.
J'aime aussi les fleurs, les arbres, nous avons un parc de 7 ha ici...Je vais peu au cinéma, même si j'adore. Mon dernier film, c'était Avatar, en 3 D. Je vais parfois au foot quand les matches sont le dimanche soir.

Vous êtes LOSC ou RC Lens ?

Je suis né à Lens, je connais bien Gervais Martel, mais pour moi c'est le LOSC! Ils sont meilleurs, il faut appeler un chat un chat! Je suis Sang et Or, mais depuis trois ans, le LOSC est toujours au-dessus. Un vrai supporter, c'est quelqu'un capable de dire: " l'adversaire a été meilleur, et on a été moins bon ".

Quelles sont les valeurs essentielles dans la vie pour vous?

L'honnêteté, la sincérité! On peut tromper les gens une fois, deux fois, mais pas toute sa vie. Il faut être intègre et sérieux dans tout métier. Il faut aussi avoir le goût de l'effort et du travail bien fait, du 1er janvier au 31 décembre. Quand je recrute un cuisinier, je recherche toujours des gens propres, courageux et honnêtes. Quand on se promène en ville parfois, et qu'on voit du personnel de restaurant fumer sur le trottoir, dans des états de saleté pas possibles, on se demande s'ils viennent de démonter une mobylette ou s'ils ont fait la cuisine!

Que pensez-vous de l'émission " Cauchemar en cuisine " du chef écossais Gordon Ramsay ?

Je trouve que c'est un peu violent...On a tous été un peu vifs quand on était jeunes, mais aujourd'hui je préfère expliquer et aller en douceur. Quand ça devient répressif, de l'ordre du combat des chefs, ce n'est pas trop mon truc.

Vous, qu'est-ce-qui peut vous mettre en colère ?

Le manque de conscience professionnelle. Ou encore quelqu'un qui va faire quelque chose tout en sachant que ça ne va pas marcher. Par exemple, pour faire une recette, il y a des étapes absolument indispensables. Si on prend un raccourci, que tel ingrédient n'a pas trempé comme il aurait du, ou n'a pas blanchi, on gagne peut être une demi heure, un quart d'heure ou 5 minutes, mais le plat n'est pas abouti. Ça, ça me met en rogne!

la créativité est la victoire de la curiosité sur l'habitude."

Quelle est votre dernière grande émotion?

Quand mon petit fils, le petit Jeanjean, s'est mis à marcher. On a beaucoup d'émotions avec ses petits-enfants, on a facilement la larme à l'oeil. J'ajouterai le sport aussi, notamment l'athlétisme ou le tour de France. Je trouve ça faramineux de voir des sportifs se dépasser, aller plus qu'au bout de ce qu'ils pensaient pouvoir faire.

Avez vous des rêves dans la vie ?

Le premier, ce serait de faire un pèlerinage, comme Compostelle. Il y a là une recherche sur soi-même. L'autre serait une retraite dans un monastère, se lever à quatre heures du matin, être complètement décalé avec sa vie habituelle, ça doit être extraordinaire.

Entre le château 4 étoiles de Beaulieu à Busnes avec son restaurant gastronomique doublement étoilé au Michelin " Le Meurin ", son jardin d'Alice, son futur lounge bar et sa nouvelle table lilloise, le restaurant de Monsieur Jean (référence à son petit-fils), notre célèbre chef régional aura bientôt 80 salariés.