ADEME - L'écologie territoriale (EIT) : la collaboration au service du territoire
Coopérer pour mieux développer son territoire. Pilier de l’économie circulaire, l’Ecologie Industrielle et Territoriale (EIT) répond à l'enjeu de transition écologique des territoires par son approche innovante, systémique et transversale d'optimisation des flux de matières (eau, énergie, déchets, équipements, expertise). Cette démarche de coopération entre plusieurs acteurs publics et/ou privés a pour objectif d'identifier de nouveaux modes de faire au bénéfice des entreprises et de la collectivité.
« L'EIT est un levier d’attractivité et de compétitivité pour les territoires mais aussi pour les entreprises, souligne Marie Tison, coordinatrice du pôle Economie circulaire à la direction régionale Hauts-de-France de l’ADEME (marie.tison@ademe.fr). Le principe est d’optimiser et valoriser des flux générés par des entreprises, en les mettant au service d’autres entreprises. Derrière cette idée, on trouve des synergies de substitution (l’un de mes coproduits devient une matière première pour l’entreprise voisine) ou de mutualisation d’un service (exemple : achat groupé d’énergie). L’EIT réconcilie ainsi développement économique et un meilleur usage des ressources. »
Outils et ingéniererie
Si l’EIT est apparue dans la région il y a déjà quelques années, le concept reste encore mal connu. « Pourtant, c’est un outil puissant pour créer des nouvelles activités, innover, repenser son modèle de production et ses achats ou encore imaginer des nouvelles coopérations », précise Marie Tison.
En novembre dernier, 18 territoires ont été labélisés territoires d’industrie en Hauts-de-France, l’EIT est une carte à jouer pour réindustrialiser les territoires, relocaliser certaines activités et renforcer l’ancrage local. Pour ce faire, la région a besoin de se structurer pour répondre notamment aux enjeux de raréfaction et des coûts élevés des ressources (énergétiques et matières premières).
Ainsi, depuis octobre 2023, l’ADEME et la Région Hauts-de-France animent un réseau régional de l’EIT, dénommé COM’EIT. Ses ambitions sont notamment d’apporter de la méthode, des outils, de l’expertise, en bref de l'ingénierie, mais aussi créer les conditions pour que les territoires montent en compétence, partager, s’inspirer et passent à l’action. « Compétitivité, innovation, amélioration de l’image de l’entreprise, création et consolidation d’emplois locaux, économie d’échelle (achats groupés, collecte de déchets mutualisée...), tant de bénéfices que peut apporter l’EIT », ajoute Marie Tison.
Un exemple ? Quand le coproduit du haut-fourneau devient un matériau de construction bas carbone, mais aussi une matière première pour une autre industrie. ArcelorMittal valorise le laitier, un matériau produit par les hauts fourneaux lors de la fabrication de la fonte. Après broyage dans les granulateurs d’Ecocem France à Fos-sur-Mer et Dunkerque puis séchage, le laitier moulu, un liant hydraulique bas carbone, peut être utilisé en substitution du ciment pour produire des bétons bas carbone très performants.
Chantier en cours sur les EPI
ECOPAL, association spécialisée dans l'écologie industrielle et territoriale depuis plus de 20 ans, mène une étude pour développer une filière régionale de valorisation des EPI, c’est-à-dire Équipements de Protection Individuelle (casque de chantier, vestes de protection, gants...). L’objectif est d’évaluer l’intérêt économique sur l'ensemble de la chaîne de valeur, le volume d’EPI qui pourrait être concerné et d’identifier des filières de valorisation. Pour ce faire, ECOPAL réalise actuellement une première enquête auprès des entreprises du Dunkerquois pour caractériser les EPI mais aussi les coûts annuels pour l’achat et la destruction de ces équipements. A noter qu’en France les EPI représentent un marché d’1,5 milliard d’euros par an.
Les Itinéraires de l’EIT 2024
Entreprises, collectivités, associations, fédérations, c’est à Béthune que l’ADEME et la Région Hauts-de-France vous donnent rendez-vous le 25 juin prochain pour participer aux « Itinéraires de l’EIT ». Au programme : des plénières, des tables rondes, des groupes de travail, ou encore des visites d’entreprise qui permettront le partage de bonnes pratiques
entre territoires.
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