De Florange à Dunkerque

Mais lorsque Dunkerque rallume l'un des siens, c'est dans le silence assourdissant des mêmes médias. Il est vrai que le contraire eût été indécent.
Ainsi va la vie industrielle. Avec une croissance à 0,01 %, on ne peut gagner en productivité qu'en concentrant les carnets de commandes sur un site au détriment d'un autre. Le bénéfice est double : supprimer les frais fixes inhérents à la maintenance d'une usine et booster l'activité de l'autre, ce qui permet non seulement d'améliorer ses performances mais également de  doper le moral  de ses troupes. Tous les ingénieurs, même polytechniciens, connaissent cette règle élémentaire de bon sens. Encore faut-il accompagner les hommes. Les Aînés se souviennent de ce qui fût fait dans les années 70 pour favoriser le déménagement de Valenciennes à Dunkerque des sidérurgistes licenciés ; la Zup de Grande-Synthe est encore là pour en témoigner.
Fermer Aulnay, c'est requinquer Poissy tout comme, en son temps, la fermeture de Vilvoorde favorisa Douai. Dès lors, obliger le propriétaire d'une usine dite rentable à la céder à un repreneur  constitue un déni de  réalité. S'il y avait davantage d'ingénieurs, même polytechniciens, et moins  d'avocats sous les plafonds dorés du 7ème arrondissement ou dans les lumières crues de Bercy, on y proférerait sans doute moins de sottises. Ajoutons que l'usine d'Aulnay est située au cœur  de l'immense bassin d'emploi de Paris comme Vilvoorde  dans la prospère banlieue flamande de Bruxelles. Pour ne prendre que le seul Roissy, la porte à côté, les dix millions de passagers supplémentaires attendus à horizon 2020, entraîneront l'embauche de 10 000 nouveaux employés. Alors, de grâce, rentrez vos mouchoirs!

Bruno Bonduelle