Delphine Mathez met le cap sur le milliard
Artisane de la transformation de l'ETI familiale Stokomani, elle a permis au déstockeur de franchir le seuil des 100 magasins. Son ambition : doubler le chiffre d'affaires d'ici 2024 pour passer la barre du milliard d'euros
Elle peut être fière de son bilan. En cinq ans seulement, Delphine Mathez aura propulsé le spécialiste du déstockage Stokomani dans la cour des grands, aux côtés des Gifi, Action et autres Zeeman. Le chiffre d'affaires de l'enseigne, née à Creil dans les années 1960 depuis un simple étal d'invendus, a doublé sur la période, dépassant le cap des 500 M€ pour 2600 salariés. Ce printemps, celui des 100 magasins sera franchi à son tour. "c'est le nombre requis pour avoir une visibilité dans toute la France", explique la Pdg, 53 ans, dont la moitié comme consultante de direction générale auprès des principaux groupes de distribution française. Cette HEC 1989 a fait ses premières armes au sein d'OC&C Strategy Consultants, où elle restera 18 ans, avant de contribuer à fonder un autre cabinet, Diligence Partners, qu'elle revendra en 2010 à Roland Partners. Deux décennies"exaltantes", selon Delphine Mathez. Elle intervient alors et conseille de grands patrons français du secteur, tels Georges Plassat chez Carrefour, ou Jean-François Duprez, le redresseur de Camaïeu. Menant de front sa carrière professionnelle et une vie personnelle bien remplie – elle est mère de trois filles aujourd'hui âgées de 25, 24 et 18 ans - Delphine Mathez reste tout de même frustrée. Volontaire et fonceuse, la consultante veut alors "mettre les mains dans l'opérationnel". En 2013, elle prend un tournantradical. Quittant Roland Partners et après un passage éclair - cinq mois - chez But en tant que directrice du marketing, elle rejoint Stokomani. Delphine Mathez n'arrive pas en terre inconnue. En 2006, elle était intervenue auprès de l'enseigne, pionnière du déstockage, mais dont la dimension était alors limitée.
« Appuyer sur l'accélérateur »
Directrice de la transformation, elle est rapidement nommée directrice générale auprès de Jean-Jacques Namani, fils du fondateur. D'un commun accord avec lui et les actionnaires familiaux, elle prend finalement, en avril 2016, la présidence du groupe. Stokomani est à un moment charnière. Le groupe a crû, mais reste mal structuré. En parallèle, de nouveaux acteurs, français comme internationaux, étaient bien décidés à s'imposer sur le secteur du "bargain". "Stokomani était une superbe pépite, mais elle ne se développait pas aussi vite que la concurrence. J'ai convaincu les actionnaires qu'il était temps d'appuyer sur l'accélérateur", se remémore la dirigeante, ses grands yeux bleus pétillants derrière de fines lunettes. Delphine Mathez impose son style et sa stratégie. Le changement d'échelle s'accompagne d'une structuration plus efficace. Des dizaine des millions d'euros sont investis pour organiser la logistique, sécuriser les approvisionnements, développer l'offre... Son mot d'ordre? "Battre le tam-tam avec efficacité", pour emmener les équipes derrière elle et impulser un changement pérenne. "Le leadership reste un facteur de pérennité", tranche la dirigeante, campée sur ses objectifs. Le premier, franchir le cap symbolique des 100 magasins, annoncé lors de son arrivé, est atteint. Le suivant ne manque pas d'audace : elle entend doubler de taille dans les cinq ans, soit 1 Md€. Le cap est fixé.
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