Deux exemples de start up de l'énergie : Hydrogenis et Energo
Energo veut révolutionner l'énergie avec le plasma catalytique, très sobre en énergie; de son côté, Hydrogenis a mis au point une solution de production sans électricité d’hydrogène sans CO2. Avec à la clé, la promesse d’un coût de production et d'un rendement compétitifs.
ENERGO
Créer du méthane injectable sur le réseau avec du CO2 et de l'hydrogène, transformer des déchets en gaz, le tout avec des ressources énergétiques faibles et un niveau de pression lui aussi limité : c'est le terrain de jeu de la société Energo, start up de l'énergie, issue de travaux de recherche de l'école Chimie Paris Tech, et hébergée à la ruche technologique d'Hellemmes. Le procédé d'Energo, protégé par quatre brevets, représente un saut technologique par rapport à la catalyse classique, très consommatrice d'énergie et de pression, qui aujourd'hui sont ses gros handicaps. Avec de surcroît un système qui dépollue les gaz. Le procédé à plasma, très sobre, offre ainsi de grandes perspectives dans plusieurs champs : le « power-to-gas », d'abord, à savoir la transformation d'oxydes de carbone en méthane (méthanation), par réaction avec de l'hydrogène décarboné, mais aussi le « waste-to-gas », permettant la production de gaz par pyrogazéification des déchets. « On opère à une vitesse 50 fois plus rapide et nous utilisons beaucoup moins de volume de catalyseurs », se réjouit Vincent Simonneau, associé de l'entreprise, au côté de Vincent Piépora, un ancien cadre de chez Total.
Pour valider cette technologie en mode réel, Energo a installé un démonstrateur dans une exploitation agricole près de Compiègne cet automne (mis à l'arrêt l'hiver pour cause de gel). « Le démonstrateur a tenu ses promesses, les rendements sont bons. On a fait également des essais sur des gaz de hauts fourneaux, on a sorti du méthane propre », se félicite Vincent Simonneau, qui annonce de premières discussions avec des industriels. La société compte désormais s'engager dans des équipements de méthanation vingt fois plus importants, mais aussi déployer sa technologie vers d'autres réactions, afin de produire de l'ammoniac ou encore de l'éthanol. Energo compte déjà 7 salariés et en vise 25 à moyen terme.
HYDROGENIS
« Un article scientifique assurait que l’hydrogène n’avait pas d’avenir car confronté à trop de verrous scientifiques et pas rentable. J’étais convaincu que c’était faux ». Encore fallait-il le prouver ! Avec sa passion débordante pour la science depuis l’enfance et une bonne dose d’encouragement de son épouse, Guillaume Koustenaï se lance en 2018. Ce salarié à la SNCF, toujours en poste, s'embarque alors pour de longs mois de recherche. Deux ans plus tard, l’autodidacte trouve, selon lui, LA bonne recette : grâce à l’oxydoréduction - un procédé chimique, il parvient à produire, sans électricité, de l’hydrogène décarboné. Et ce, à un coût de production moindre que les solutions déjà existantes et au rendement plus intéressant. Fort de son projet, Guillaume Koustanaï intègre l’incubateur technologique APUI de l’école d’ingénieurs IMT Nord Europe. « Alain Schmitt, le directeur, a été le premier à valider mes recherches », témoigne le fondateur de la société Hydrogenis, en cours de création. Il bénéficie ainsi de l’accompagnement des chercheurs de l’IMT et participera même au salon EVER Monaco. Il est désormais accéléré à Tourcoing par Rev3. Des tests de faisabilité ont suivi au CNRS. Une étape « laborieuse à mettre en place » en raison de la Covid, « mais essentielle pour avancer », raconte le quadra. Qui, en parallèle, se forme au Cepi Management pour « apprendre les rouages commerciaux et les bases de la création d’entreprise ». Grâce au réseau, il s’envole vers Montréal en 2021 pour rencontrer l’écosystème économique et d’innovation local. « Ils sont prêts à m’appuyer auprès du gouvernement et à m’aider pour déployer la solution. Mais je préfère démarrer chez moi, en Hauts-de-France », confie Guillaume Koustanaï.
Prochaine étape : monter un démonstrateur pour produire à plus grande échelle, pour un investissement limité à 30 K€. Guillaume Koustanaï recherche deux associés, un ingénieur chimiste et un ingénieur process industriel et/ou une première levée fonds (200 k€) pour monter en régime et créer ses premiers emplois.
A lire aussi : 28 ans pour décarboner les Hauts-de-France
L'interview de Rafael Ponce, Euraenergie : "faire de Dunkerque un hub de la décarbonation"
Ces articles peuvent également vous intéresser :
28 ans pour décarboner les Hauts-de-France
2050 est la nouvelle frontière des experts du climat pour éviter l'emballement de la température terrestre. Atteindre la neutralité carbone à cette échéance est un défi colossal. Chez nous encore plus, avec une économie très carbonée, entre Arcelor, les « électro-intensifs », les transports, les logements, dans une région très peuplée. Derrière le trop médiatique véhicule électrique, une révolution plus importante est en route sur les procédés industriels et le grand remplacement énergétique. La région fourbit ses armes.
Réindustrialisation : Focus sur trois filières régionales
En région, la santé, l'agroalimentaire et le textile font partie des secteurs qui additionnent les projets de réindustrialisation ou d'extension de capacité de production. Avec des annonces d'investissements colossaux et des emplois à la clé. Tour d'horizon.
Denis Dauchy (Edhec) : “On ne retrouvera pas la structure d’emploi d’il y a 30 ans”
Néo-industrie, investissements, filières émergeantes... le professeur en stratégie d'entreprise et directeur de l'executive MBA de l'Edhec livre son regard sur le mouvement de réindustrialisation en région Hauts-de-France.
Perrine Gilbert et Jean Dumont : "On est impatients d'y être !"
Société Générale et Crédit du Nord vont fusionner leurs réseaux en 2023. Eco121 a souhaité savoir où en était ce projet qui va modifier sensiblement le paysage bancaire régional. Entretien avec Perrine Gilbert, déléguée régionale de Société Générale et Jean Dumont, directeur régional du Crédit du Nord.
la région plébiscitée par l'investissement industriel étranger
En 2020, malgré la crise sanitaire, NFI a enregistré 120 dossiers contre 130 un an plus tôt.
Industrie : le grand retour ?
Relocalisation », « made in France », « réindustrialisation » : l'industrie fait son grand retour, au moins dans le discours et les dispositifs publics. La région des Hauts-de-France, au tropisme industriel encore puissant, veut jouer de cet avantage pour rebondir. Le réarmement industriel régional est-il possible ? Notre enquête.
La région invente les matériaux du futur
Le fait est peu connu : notre région est une vraie terre d’innovation en matière de matériaux. Textile déperlant anti-tâche, alternative végétale au cuir, films d'emballages en papier ou barquettes en cellulose et en lin, en substitut au plastique… Focus sur dix projets à haut enjeu.
Le Forum : nouveau poumon du département du Nord
En 2023, la collectivité regroupera ses services dans un nouveau navire-amiral. Auquel s’ajoutera le programme immobilier Agora. Soit 60 000 m2 au total, pour 100 M€.
Un Etat new look aux portes de Lille Sud
La nouvelle cité administrative accueillera 2000 agents de l'Etat. Mais elle contribuera aussi à une nouvelle dynamique urbaine de ce quartier enclavé.
Pascal Boulanger : « Une ville est faite pour être urbanisée ! »
Ce professionnel reconnu jette un regard balancé sur la situation immobilière de Lille.