Flotte d'entreprise : Faites le plein d'électricité !

Après une éphémère apparition au début des années 1990, la voiture électrique fait son grand retour, porté par de grands acteurs. " La prise de conscience a eu lieu il y a trois ans, lorsque le litre de pétrole a atteint 1,5 euro " analyse Hervé Borgoltz, PDG de DBT (Douai), fournisseur du plus grand parc de bornes électriques au monde. Suite au Grenelle de l'environnement, 12 agglos pilotes ont été choisies pour être les premières à être équipées de bornes électriques dès 2010, preuve de l'engagement de l'Etat à développer l'indispensable infrastructure de charge.

Mouvement irréversible

Institutionnels, constructeurs, industriels, tous les acteurs se mobilisent autour des solutions électriques, pour s'affranchir de la dangereuse dépendance au pétrole. " Le prix du baril va augmenter bien plus vite que celui de l'électricité dans les prochaines années " prédit Charlotte de Silguy, secrétaire générale d'AVERE France, association internationale pour le développement du véhicule électrique. Il va tripler d'ici 5 à 10 ans, anticipe même Hervé Borgoltz, dont l'entreprise fournit les bornes de l'expérimentation pilote de la Toyota Prius à Strasbourg.
Ces raisons économiques, associées à des motifs sanitaires, écologiques et environnementaux, voire marketing, pourraient enfin permettre à la voiture électrique de trouver sa place. " Un mouvement irrésistible s'est mis en marche " s'enthousiasme Christelle Chabredier, chargée des relations institutionnelles de La Poste.

Deux millions de véhicules et quatre millions de bornes sont attendus pour 2020. La Poste a été missionnée lors des Etats Généraux de l'automobile pour coordonner cette demande et fédérer un achat groupé de 30 000 à 50 000 véhicules. " Nous souhaitons envoyer un signal fort aux industriels et constructeurs afin de développer le marché, jusqu'ici épars du fait d'une demande atomisée " explique-t-elle, " il ne s'agit pas uniquement d'améliorer les moteurs des années 90, mais de s'inscrire dans un processus global et systémique ".

Les + de l'électrique

* Bonne durée de vie

* Simplicité et un faible coût d'entretien

* Facilité de la recharge des batteries : elle peut s'opérer la nuit, à l'aide d'une prise de courant 16 ampères.

* Faible coût en énergie : pour 100 km, la solution électrique coûte 7 fois moins que l'essence. La consommation d'une petite voiture électrique qui parcourt 8 000 km représente la consommation annuelle d'un chauffe-eau électrique.

* Bonus de l'Etat de 5 000 euros

* Exonération de la taxe sur les véhicules de société

* Pas de taxe sur la carte grise

* Un coût moindre en assurance

Autonomie de 200 km

Les moteurs électriques actuels permettent une autonomie moyenne d'environ 150 à 200km, soit le double voire le triple du besoin de mobilité journalière des entreprises. "99% des fourgonnettes de la Poste font moins de 100 km par jour ", souligne Thierry Koskas, directeur des programmes électriques chez Renault. Ils présentent également de nombreux avantages du zéro émission jusqu'au silence du moteur. Pourtant, " le plaisir de la conduite électrique n'est pas toujours spontané " prévient Yannick Le Bourgeois, responsable du garage automobile d'Air France, qui rassure : " une fois pris en main, le véhicule est rapidement adopté notamment grâce à l'image moderne qu'il incarne ".

Le prix initial reste coûteux, mais l'intérêt de l'électrique devient évident avec un raisonnement global : " le coût de la mise en oeuvre de la non pollution coûtera aux entreprises dix fois moins cher que la taxation de la pollution ", défend Charlotte de Silguy. Pour faciliter l'achat des véhicules, des systèmes de financement se mettent d'ailleurs en place en France, même s'ils demeurent moins avantageux que dans des pays voisins.

Raisonner usage

Il n'est pas toujours pertinent de changer son véhicule thermique pour un véhicule électrique. D'autres solutions peuvent être plus adaptées. Pourquoi pas la voiture partagée, à travers des structures comme Lilas à Lille, de plus en plus sollicitée par des entreprises. Des opérateurs de conseil (ADEME ou cabinets conseil) sont à la disposition des professionnels pour les aider dans la réalisation de leur diagnostic mobilité (nombre de trajets, distances parcourues, impact écologique...) et dans l'étude de leur parc de voitures.

Les entreprises doivent revoir leur rapport à la mobilité. " Une voiture est immobilisée 95% de son temps ! Nous devons raisonner usage et rationaliser nos comportements. Demain, rares sont les personnes qui posséderont leurs véhicules, nous allons assister à l'émergence d'un forfait mobilité comme il en existe pour la téléphonie " selon Charlotte de Silguy.. Un véhicule d'entreprise effectue en moyenne 34 km par jour et 80% des véhicules d'entreprise font moins de 60 km par jour: les entreprises peuvent se demander si elles ont besoin d''autant de véhicules qu'elles n'en possèdent ! Les loueurs devront aussi jouer un rôle phare dans les années à venir et devenir de véritables opérateurs de mobilité, force de conseil pour les flottes. Les acteurs et les technologies sont mobilisés, le marché se développe, saisissez l'opportunité de faire un geste positif pour votre portefeuille et pour l'environnement en mettant votre flotte au vert !

Quel coût ?

Les données varient évidemment d'un constructeur à l'autre. Renault, qui vient de lancer son Kangoo ZE à Maubeuge, le calque sur le prix du diésel thermique (15.000 euros, déduction de 5.000 euros incluse) plus une location de batterie à 72 € par mois. Chaque plein coûte ensuite 1,5 €. Renault va sortir trois autres VE dans les prochains mois : la Zoe, la Fluence, et la Twizy. Le constructeur en espère de grosses économies d'échelle. Chez PSA, la commercialisation de la C-Zéro se fera soit à travers un leasing mensuel de 459 euros soit à travers un prix de vente de 35.000 euros. Un coût très élevé, mais qu'il faut réinterpréter à travers le coût d'utilisation très bas. D'autres constructeurs se sont engagés dans les motorisations 100% électriques, comme Mitsubishi (i-MiEV), la Bolloré Blue Car, ou la Nissan Leaf, parmi d'autres.

Et les voitures hybrides ?

Il en existe trois types :

Les " Stop and Start " : le moteur se met en veille dès que la vitesse tombe sous les 6 km/h. Il repart quand le conducteur relâche la pédale de frein. En ville, cette technologie permet d'économiser jusqu'à 10 % de carburant.?

Les " mild hybrid " : un moteur électrique d'appoint récupère de l'énergie au freinage et fournit un surcroît de puissance quand c'est nécessaire. Ce système permet jusqu'à 15 % d'économie de carburant.?

Les " full hybrid " sont équipés d'un moteur thermique et d'un moteur électrique de puissance équivalente, le second étant rechargé par le premier et par la récupération de l'énergie de freinage. Le véhicule fonctionne avec l'un et/ou l'autre moteur selon les conditions de circulation. La consommation de carburant peut être jusqu'à deux fois plus faible que son équivalent classique.