Guillaume Deleau, l'appétit de l'inox vient en mangeant

Après avoir racheté Sofinor en 2017, il s’offre cette fois son rival lyonnais, Mapal Après avoir racheté Sofinor en 2017, il s’offre cette fois son rival lyonnais, Mapal

Alors que la crise sanitaire a secoué en profondeur les métiers de bouche, le gros de sa clientèle, le patron de Sofinor vient de conduire une reprise stratégique à Lyon. De quoi porter le groupe spécialiste des équipements inox à 28 M€ de ventes et viser les 50 M€.

 

"Mes partenaires financiers me disent qu'il faut se calmer maintenant ! » Guillaume Deleau, président de Sofinor, à Bois-Grenier, a le sourire après avoir bouclé en pleine crise sanitaire une grosse opération de croissance externe en prenant le contrôle de Mapal, à Lyon. Une société spécialisée comme la sienne dans les équipements inox, réalisant 8 M€ de chiffre d'affaires avec 65 salariés. De quoi porter le nouveau groupe à 28 M€ avec 170 salariés. La corbeille de la mariée est bien garnie : Guillaume Deleau y trouve une filiale en Pologne qui lui ouvre les portes de l'Europe de l'Est et centrale ; deux bureaux d'études ; des produits et des marchés très complémentaires Mapal étant orienté vers la grande distribution -que ne sert pas Sofinor - avec des fabrication d'îlots complets, mais aussi d'étals à poissons et de vitrines chaudes. A l'inverse, les produits de Sofinor, à l'instar des rôtissoires, mais aussi des produits pour le secteur médical, doivent trouver leur voie chez Mapal. « Un plus un doit faire trois ! », résume Guillaume Deleau. Le quinqua n'a pas fait de longues recherches pour cette acquisition puisque ce sont en fait les cédants, approchant la retraite, qui l'ont contacté, au vu des valeurs communes des deux entreprises. L'opportunité arrive en tout cas dans une période plus que compliquée avec l'arrêt des restaurants, et d'une bonne partie de la restauration collective, un gros secteur pour Sofinor, présent aussi dans la vente à emporter, les friteries, et à l'export. L'entreprise y réalise déjà le quart de son business (dans pas moins de 90 pays!), porté par ses produits à valeur ajoutée comme les équipements lave-bassin pour le médical, ou les rôtissoires pour les métiers de bouche.

L'axe de l'innovation

Mais cette opération n'arrive pas par hasard. Guillaume Deleau, ingénieur ISEN de formation, a débuté sa carrière dans les grands groupes, Schlumberger, Sagem, Sonepar, dans lesquels il aurait pu faire carrière. Mais à 40 ans, il se retire pour diriger sa propre société. Ce sera Gruson Sécurité, une petite entreprise de protection des bâtiments, à la Pilaterie. L'aventure durera 12 ans, pendant lesquels il complète sa formation d'un cursus CPA Management au CEPI. « Pour pouvoir me développer par la suite » , dit cet ancien lauréat du réseau Entreprendre Nord, qui fut aussi président de l'OGEC (organisme de gestion des écoles privées) pendant trois ans. Mais l'activité de service le laisse sur sa faim et l'envie de piloter un process complet de production le pousse à céder sa société en 2017 et à reprendre dans la foulée Sofinor, avec son épouse et quelques industriels amis. Avec une idée en tête : l'outil industriel étant solide, l'axe d'attaque serait l'innovation. Une gamme de produits connectés voit ainsi rapidement le jour, telle cette table qui descend ou monte par une commande vocale, ou ce meuble de tri faisant apparaître les volumes recueillis. « Ca change l'image de sofinor, ça nous a beaucoup aidés pour faire connaître l'entreprise dans le monde ». Dans l'usine, les robots s'activent, l'automatisation est accélérée. L'amélioration continue devient un mode de management. Et les performances sont là : l'entreprise réalisait 16 M€ en 2017, 21 M€ en 2019. 2020, année atypique s'il en est, a vu l'activité reculer d'un bon million d'euros, mais rester profitable. Pour ce marathonien et triathlète, il faut s'inscrire dans la durée. Guillaume Deleau croit ainsi dans le rebond de la restauration en France, le jour où la crise sanitaire sera enfin jugulée. Alimentée par un segment médical important (un tiers de ses ventes), la croissance organique doit donc continuer à porter une forte dynamique. Avec un cap symbolique dans le viseur : les 50 M€ de chiffre d'affaires à horizon 5 ans. De quoi passer de la Pme à l'ETI.

 

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