Innocress redonne ses lettres de noblesse au cresson

Innocress va-t-elle signer le grand retour du cresson ? Ce légume a été progressivement délaissé dans la consommation et donc dans la production : le légume se fait rare sur les étals où il est vendu en bottes pour finir le plus souvent en potage. « La filière perd en dynamisme alors que le cresson est le meilleur des fruits et légumes en qualités nutritionnelles », déplore Aline Lesage (à d. sur la photo), agricultrice dans l'Oise depuis dix ans, et dirigeante de la société Innocress, à Bresles, près de Beauvais. Il contient des minéraux et des vitamines (12 fois plus de vitamines C qu'une orange, plus de calcium que dans le lait, plus de fer que dans les épinards), mais aussi 39% de protéines et 25% de fibres ou encore des polyphénols.  

Zéodratation

Le projet a maturé très longtemps avant d'aboutir en 2019. Il est né d'une intuition d'Irène Inchauspé et Olivier Robert de Massy, installés à Bresles il y a quelques années. Ils ont découvert dans leur voisinage une cressonnière, ont vu cette filière en déclin, mais ont pressenti tout son intérêt. Un long cheminement avec l'école d'agronomie voisine UniLassale a permis de valider les enjeux, de développer un produit, d'adopter un procédé de zéodratation (séchage à froid et à basse pression) permettant de préserver toutes les qualités de cette plante fragile. Aline Lesage, diplômée de l'école, a elle-même rejoint l'aventure comme dirigeante et associée, ainsi qu'Aurélie Joly, plus orientée marketing, tandis que l'appui de la Région, de l'Agence régionale d'innovation ont permis in fine de lancer le produit lui-même, le « Supercress 5 » en février 2020. Il se présente sous forme de poudre en sachets de 1,15 gramme, concentrée 15 fois, au goût très puissant – nous l'avons essayé. Un format adapté pour le e-commerce et pour la vente en pharmacie, les premiers circuits identifiés. Ce complément alimentaire vise d'abord la population de séniors (qui ont une connaissance culturelle du cresson, largement consommé autrefois) mais aussi les urbains actifs comme les grands sportifs. Le prix, soit 29 euros par boîte de 30 sachets, garantit une bonne marge à la société, qui vise l'équilibre en 2024. Pour accélérer la commercialisation, Innocress, épaulée par I-terra et le clubster NSL, a débuté une souscription sur la plate- forme Sowefund, et était devant Invest'Innove en décembre, pour porter sa levée de fonds à 1M€.