Les Enfants de Vauban distillent leurs bons breuvages

31/03/2022 Arnaud Lefebvre Créateurs

Christian Delobelle. Passionné par les vieux alambics, il a créé sa distillerie à Somain, en 2020. Et part déjà au grand export.

Christian Delobelle est un touche-à-tout. Après des études en mécanique générale, il débute sa carrière en bureau d’études avant de concrétiser son «rêve de gosse»: rejoindre la Légion étrangère. Contraint, en raison d’une blessure, de quitter ce corps de l’Armée au bout de deux ans, il décroche un MBA à l’Edhec et entame un parcours qui l’amène à traiter de problématiques d’organisation industrielle et de redressement d’entreprise. Bien loin de l'univers de la distillerie. Le projet émerge en 2019. «A la suite d’un accident, je me retrouve alité durant onze semaines, raconte l’ex militaire, aujourd’hui âgé de 45 ans. Pendant ce temps, je lis beaucoup». Dont des livres sur la distillation. «Je me dis alors que j’aimerais évoluer dans ce domaine, et ma femme me soutient dans cette démarche.» Quelques jours plus tard, Christian Delobelle achète un premier alambic et commence à distiller dans son garage. Et crée dans la foulée avec un associé, Jérémy Le Quément (5 % du capital), «Les Enfants de Vauban». En hommage au marquis du même nom. «Je suis originaire de Gravelines, qu'il a fortifiée. J’ai aussi fait mes études à Lille, où il a construit la citadelle. Dans le Nord-Pas de Calais, ses œuvres sont présentes partout, et sa renommée est nationale».

Les deux hommes dénichent ensuite un local de 400 mètres carrés, à Somain. Ils y installent plusieurs alambics, «de vieux modèles français fonctionnant au feu de bois», précise Christian Delobelle. La distillerie connaît un succès rapide. «Rentable dès l’origine, elle a dégagé un chiffre d’affaires de 250 K€ l’an dernier et nous visons 400 K€ cette année». Une trentaine de références sont aujourd’hui vendues (absinthe, gin, eau de vie, rhum, vodka), en France et en Belgique. Mais Christian Delobelle voit plus loin. «Je reviens d’un salon à New York, où j’ai reçu des marques d’intérêt pour nos produits de la part de professionnels originaires des Etats-Unis, d’Australie, de Hong-Kong et Singapour». La distillerie va très prochainement se lancer au grand export, avec une ambition précise: «Devenir la plus grande distillerie artisanale de France». Venant d'acquérir la Brasserie Saint-Amand, Christian Delobelle entend également rassembler celle-ci et la distillerie sur un même site, et élargir l’offre de services avec, par exemple, une formation en distillation et la conception d’un atelier de création et réparation d’alambics. Et le quadra de prévenir : «Lorsque j’en aurai marre de distiller, je passerai à autre chose !»