Keewaï invente le "vélib" de la batterie de smartphone

Qui n’a pas un jour cherché un moyen de recharger son portable à la batterie tombée dans le rouge ? C'est lorsqu’ils travaillaient dans l’événementiel sportif, notamment lors des Jeux Olympiques de Rio 2016, que les frères Ismail et Yonis Abshir Ali ont réellement pris conscience du problème. «Les consignes étaient de refuser. Ce qui créait, chez les athlètes, les visiteurs, un sentiment de frustration », témoigne Ismail. De retour en France, ils vont donc imaginer une solution, inspirée de modèles déjà en vogue en Asie : la location de batteries externes de recharge. Le principe est simple, calqué sur celui des vélos et trottinettes en libre-service : après s’être inscrit et avoir rentré ses coordonnées bancaires sur l’application dédiée, l’utilisateur peut géolocaliser des bornes et les ouvrir grâce au QR code fourni. Il prend alors la batterie de secours et les connectiques nécessaires, puis une fois son portable rechargé, géolocalise une nouvelle borne pour la restituer.

« Une caution par empreinte bancaire de 40 euros environ garantit que le matériel ne soit pas volé », détaille Ismail, ex-étudiant en LEA à l’Université de Picardie Jules Verne, fraîchement diplômé en management des affaires de l’école Leonard de Vinci, à Paris. Pour créer leur entreprise, les deux jeunes hommes se sont rapprochés de la CCI des Hauts-de-Seine, puis de celle d’Amiens, qui les a orientés vers l’incubateur local. Leur SAS créée et le projet défini, ils ont pu bénéficier du programme d’accélérateur du Crédit Agricole Brie Picardie. « Cette phase de structuration organisationnelle et administrative, cette aide à l’élaboration du business plan a été particulièrement précieuse », avance Yonis. Preuve en est : Keewaï s’apprête à déployer son premier réseau de recharge à Amiens. Au total, quelque 80 bornes seront installées en centre-ville et dans les principaux centres commerciaux. Objectif : un point de recharge tous les deux cents mètres afin de mailler le territoire. Les dirigeants, qui ont investi « plusieurs dizaines de milliers d’euros », dans ce premier projet, ciblent une dizaine de villes en France et en Europe dans les cinq ans. Soit un chiffre d'affaires de 4 à 5 M€ environ.