La création d'entreprise dans les quartiers, ça marche !

L'association ADIE a 30 ans. L'an dernier, ses microcrédits ont permis de financer 1150 petites entreprises auprès de publics qui n'ont pas accès aux circuits bancaires. Une réussite.
"On défend l'idée que chacun peut devenir entrepreneur même sans capital, sans diplôme et sans réseau, si on y croit et si on est accompagné ». Le crédo est celui de Mathieu Hénault et de son association Adie Hauts-de-France (Association pour le Droit à l'Initiative Economique). Et depuis 30 ans, la structure le prouve en permettant la permettent la création de plusieurs centaines de petites entreprises, le plus souvent unipersonnelles, par des porteurs a priori éloignés de l'univers de l'entrepreneuriat. Comment ? Par le microcrédit accompagné. Inspiré directement du microcrédit développé au Bangladesh par le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, le système vise les personnes sans accès au circuit bancaire, mais qui portent un projet potentiellement viable. Pour la partie financière, l'Adie – elle-même financée par les banques, leur apporte une enveloppe de 500€ à 10 K€, la moyenne régionale se situant autour de 3 500 €. « Mais l'aide se traduit aussi par de l'accompagnement sous plusieurs formes : administrative, juridique, et commerciale », précise Mathieu Hénault.
Un soutien indispensable pour des publics souvent fragiles. Avec sa vingtaine de salariés et sa trentaine de bénévoles (beaucoup de jeunes retraités et d'anciens chefs d'entreprise), l'Adie va les aider à s'immatriculer, opérer les premières déclarations, mais aussi leur donner les clés commerciales, à travers un programme d'une à deux journées de formation. La majorité des projets est très simple. Mais certains dossiers requièrent davantage d'accompagnement. Pour eux, une formation gratuite sur 10 jours calendaires, sur le thème « je deviens entrepreneur », est organisée à Lille ou Amiens. Avec en général 5 à 8 personnes. La plupart des projets relève du commerce ou des prestations de services essentiellement, mais on y trouve aussi de la restauration, de l’artisanat, du bâtiment et même de l’agriculture. Il s'agit le plus souvent de personnes qui créent leur propre emploi, puisque les entreprises soutenues par l'Adie créent une moyenne de 1,4 emploi.
Appétence à l’entreprenariat
« L'entrepreneuriat indépendant est la pre- mière forme d'emploi. On essaie avant tout de rendre leur parcours simple. On ne veut pas les perdre dans des parcours trop compliqués », précise le directeur opérationnel de l'Adie.
Question : pourquoi des porteurs de projets déboutés par les banques réussissent-ils avec un microcrédit ? « Si on s'arrêtait seulement au projet, on ne prendrait pas forcément une décision différente de celle des banques. Mais on prête à une personne, on évalue sa capacité de débrouillardise et de rebond » , poursuit Mathieu Hénault, qui se réjouit du développement de l'esprit d'entreprendre. « Ca devient naturel, et c'est exacerbé dans les quartiers où l'appétence à l'entrepreneuriat est plus forte », estime-t-il. L'Adie revendique une bonne pérennité des entreprises ainsi aidées : les trois quarts sont encore actives au bout de deux ans, les deux tiers au bout de trois ans. « 35% ont un échec, mais si l'on compte ceux qui réussissent un retour à l'emploi salarié, on a un taux d'insertion de 84% », défend Mathieu Hénault.
Le profil type du créateur
Adie Hauts-de-France
1 sur deux est sans diplôme
72% sont des hommes, 28% des femmes
29% vivent en quartiers politique de la ville (QPV)
13% vivent en milieu rural
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