Périphérique
Cet adjectif accolé à Boulevard fit florès lorsqu'à Paris dans les années 60 le « périph » remplaça « les fortifs ». Les militaires en avance d'une guerre cette fois, avaient sacrifié cette muraille d'un autre âge et son prolongement, la zone non aedificandi. En lieu et place des baraques et des tôles bricolées sur ces terrains devenus vagues, on perça ce boulevard de ceinture qui fait une coupure nette entre la Ville et sa banlieue (littéralement où l'on est banni à une lieue de la ville), en enserrant Paris dans un corset de bitume. Vous connaissez le joli alexandrin de Beaumarchais qui écrivait à propos des anciens boulevards des Fermiers Généraux : « Le mur murant Paris rend Paris murmurant ».
Le géographe Christophe Guilluy reprit l'adjectif en écrivant une thèse de sociologie consacrée à la France périphérique, celle d'en bas qui vote peu sinon aux extrêmes, celle qui galère loin des centres-villes et se lève tôt pour passer avant les bouchons. Une France qui fume des clopes et roule au diesel, celle de ces Français qui ont enfilé leurs gilets jaunes et sur le sort desquels pleurent les sociologues et les commentateurs de l'info en continu. Quant à la France d'en haut, c'est celle des « élites mondialisées » qui peuplent les métropoles, habitent dans les centres-villes non loin des bureaux qu'elles peuvent rejoindre en métro, voire à pied ou en vélo, circulent de métropole en métropole dans le confort ouaté des TGV et ignorent la cohue des TER bondés.
Quand elles prennent l'avion, elles ignorent que le kérosène n'est pas taxé alors qu'on envisage de surtaxer le gazole. Ainsi, il y aurait deux France, prétendument irréconciliables, deux catégories de Français qui se tourneraient le dos, les in et les out, les sachants et les ignares, les chemises blanches et les gilets jaunes, les seigneurs et les parias, les métropoles et les petites villes oubliées dont les petits commerces ferment les uns après les autres. De tels raccourcis, claironnés par les extrêmes, mènent aux blocages des Auchan et aux casses sur les Champs. Si l'on a vu peu de gilets jaunes dans la métropole lilloise, c'est que la périphérie n'est nulle part car elle est partout. Lille est sans doute une vraie ville mais nul périph n'en dessine le contour précis. Ne parlons pas de Roubaix ou de Tourcoing qui n'ont jamais été ceintes de murs et se sont toujours confondues avec leurs banlieues.
Radioconcentrique, tel est le schéma de toutes les villes d'Europe. La ville s'étend à partir de son centre historique et de proche en proche gagne ses quartiers. Rien de tel dans la métropole de Lille où vous ne pouvez pas rouler 3 kms sans rencontrer une centralité urbaine issue d'une ancienne ville ou d'un ancien village rural. Cette multipolarité est bien le contraire de la France périphérique.
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