Région : les prévisions d'embauches explosent en 2018

27/04/2018 Julie Kiavué Territoires

Nadine Crinier, directrice régionale Pôle Emploi.

L'enquête annuelle de Pôle Emploi sur les besoins en main-d'œuvre (BMO) est très favorable en France. Ils montent en effet de 18%. Mais dans notre région, le mouvement est très spectaculaire avec une véritable envolée de 28,2% des projets de recrutement. Les entreprises annoncent 172 300 intentions d'embauche. Les trois premiers secteurs les plus demandeurs sont le transport, la logistique et l'agriculture.
Sept prévisions sur 10 concernent des emplois durables (CDI ou CDD de 6 mois et plus). Entraînant mécaniquement la baisse des emplois saisonniers. En hausse également, le salaire mensuel brut moyen, de 2,2 %. Qui atteint donc 2 302 euros. C'est 275 euros de moins que la moyenne française. Ces perspectives font suite à une progression légère de l'emploi salarié l'an dernier. Il a connu une timide hausse de 0,8% correspondant à la création de 15 000 emplois supplémentaires.

Accompagnement et formation
La reprise économique régionale observée depuis septembre 2017 place ainsi les Hauts-de-France en tête des soins de recrutements. Parmi les employeurs interrogés, quatre sur dix anticipent que ces recrutements seront difficiles à satisfaire.
Deux actions seront menées dès cette année par Pôle Emploi. La première, la formation de 70 000 chômeurs pour préparer au retour à l'emploi. La seconde, l'accompagnement des entreprises. "Nous les aiderons à mieux faire connaître leurs métiers pour attirer les candidats et à changer leur façon de recruter", précise la directrice régionale Nadine Crinier. Afin qu'elles se fient davantage à la personne plutôt qu'au CV.

3 questions à Nadine Crinier
"En 2018, il y aura des opportunités à saisir !"

Les Hauts-de-France, première région en matière de besoins de recrutements... Pourquoi ?
Certainement le travail autour du tissu économique, notamment sur le transport et la logistique. L'évolution des besoins de consommation des ménages en France et à l'étranger pousse ces secteurs en besoins de recrutements. Celui du numérique avec les belles implantations d'entreprises dans la région joue aussi un rôle. Toute entreprise a besoin d'une compétence numérique qui va soit acculturer ses salariés, soit booster son développement. Notre région est en pôle position sur ces secteurs.

Pourquoi tant de difficultés à recruter malgré nos 11 % de chômage ?
C'est le passé des Hauts-de-France qui explique ces difficultés. Mais elles sont considérées moindres par rapport au niveau national grâce au nombre important de demandeurs d'emploi disponibles. Pendant de nombreuses années, le niveau de la demande des entreprises a été assez bas au regard de la population. Désormais il va falloir plusieurs années de dynamisme économique positif pour réduire le chômage. Notons que l'arrêt des contrats aidés en grand nombre n'a pas entraîné la hausse du chômage en région pour autant. L'offre économique privée a pris le relais de cette offre sociale. On peut penser qu'en 2018 l'emploi salarié poursuivra sa progression.

Le vivier des allocataires du RSA est-il utilisable ?
Personne n'est inemployable. L'an dernier, sur les 21 % de bénéficiaires du revenu social d'activité (BRSA) de nos fichiers, Pôle Emploi en a formé 30 %. Ils peuvent donc être formés et embauchés. 40 % des BRSA bénéficiant d'un accompagnement global ont retrouvé un emploi en six mois. Certains n'avaient pas travaillé depuis 5 ans, voire plus. Les entreprises devront adapter leur offre, favoriser une approche "compétences" et réduire les délais de recrutement. En 2018, il y aura des opportunités à saisir !