Risques professionnels : les salariés régionaux sous pression

Des contraintes physiques, chimiques et de rythme de travail pour les ouvriers, spécialement dans l'ex bassin minier et la vallée de la Bresle-Vimeu. Des cadres de la métropole sous tension psychologique forte : voici quelques enseignements d'une étude que vient de publier l'Insee.

La région compte 1 808 000 salariés en équivalent temps plein. L'Insee Hauts de France vient de se pencher sur leur santé au travail et les risques professionnels encourus. Un travail d'autant plus important que les Hauts-de-France affichent un niveau de santé de population et une espérance de vie nettement inférieurs à la moyenne. Une proportion élevée de salariés est soumise à des risques physiques : 7 sur 10 (soit 1,32 million de personnes) sont exposés aux contraintes posturales et articulaires (voir la carte), avec des pics dans certains territoires, comme celui de la Vallée de la Bresle-Vimeu, dans la Somme, même si la population concernée est faible en nombre, ou encore le Dunkerquois, ou la Sambre-Avesnois, en lien avec le tropisme industriel de ces territoires. Les ouvriers sont en effet les plus touchés, par la répétition des gestes, la manutention manuelle de charge ou l'usage de machines et outils vibrants, souligne l'Insee. D'autres professions sont affectées comme les maraîchers, jardiniers, viticulteurs et salariés du tourisme.

L'étude pointe un risque peu connu sur l'exposition à des agents chimiques, qui concerne 35% des salariés de la région, soit bien au-delà du seul secteur chimique : la santé ou le nettoyage sont particulièrement concernés.

Contacts tendus avec le public

L'Insee relève aussi une forte contrainte des salariés des Hauts-de- France vis-à-vis des horaires de travail (de soirée, de nuit, de week-end et jours fériés), touchant par exemple 88% des forces de l'ordre, militaires ou pompiers, mais aussi le monde de la santé et de l'hôtellerie-restauration. Mais une autre source de pression sur les salariés relève des contacts tendus avec le public, jusqu'aux agressions verbales voire physiques. Ils concernent pas moins de la moitié des salariés de la région, annonce l'Insee, avec en première ligne le monde de l'action sociale, la santé, l'enseignement, le commerce et le droit.

Si les cadres sont peu touchés par les risques professionnels physiques, la pression psychologique du travail se répand en revanche fortement. Celle-ci touche un salariés sur cinq, avec une quantité de travail excessive et une difficulté à concilier vie personnelle et professionnelle. « Ce type de risque apparaît fortement dans la MEL où ces salariés sont particulièrement nombreux », décrit l'étude qui dissocie les cadres et ingénieurs, dotés d'une grande latitude décisionnelle, et les salariés soumis à une forte demande psychologique mais avec une faible latitude de décision. Cette situation qualifiée de « job strain » toucherait un salarié de la région sur quatre, un ratio qui dépasse les 50% dans l'univers de la banque-assurance, l'hôtellerie-restauration, mais aussi les aide-soignants et les ouvriers

 

Plus d'accidents du travail qu'ailleurs

La région a enregistré 60 190 accidents du travail avec indemnisation en 2018, soit une ratio de 40 accidents du travail pour 1000 salariés contre 35 seulement au plan national. 2 560 d'entre eux étaient des accidents graves dont 35 ont occasionné un décès. On notera aussi la surreprésentation en région des troubles musculo-squelettiques, soit 2,7 pour 1 000 contre 2,3 pour 1 000 en moyenne France entière.

 

 

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