Tereos se massifie sur l'international

27/11/2018 Olivier Ducuing Territoires

Escaudœuvres. La fin des quotas sucriers conduit Tereos à se tourner vers l'export. Le groupe a investi 7 M€ dans une plateforme dédiée, sur sa seule sucrerie du Nord.

La consommation de sucre de 15 millions de personnes, soit 500 000 tonnes par an : voilà la capacité nominale du centre logistique export dont vient de se doter le groupe Tereos sur le site de sa sucrerie d'Escaudoeuvres, près de Cambrai. Le deuxième groupe sucrier mondial (5 mds€ de chiffre d'affaires, 25 000 salariés) a investi 7 M€ dans ce site pour s'adapter à la fin des quotas sucriers européens (stoppés depuis le 1er octobre 2017). Seule solution pour s'en sortir dans un marché libéralisé : massifier et aller chercher les marchés export, le seul marché européen étant insuffisant à absorber les volumes, d'autant que la consommation de sucre y régresse. En revanche, elle croît dans le monde, notamment en Afrique, portée par la démographie.

« Plutôt que d'acheminer des productions depuis plusieurs sites pour les conditionner près des ports d'exportation, nous avons mutualisé tous nos sites et concentré tous nos sites sur Escaudoeuvres », a expliqué Alexis Duval, président du directoire de Tereos, lors de l'inauguration. Le site, opérationnel depuis un an, a déjà acheminé 192 000 tonnes à l'export l'an dernier, sur une production de 350 000 tonnes. A terme, le centre logistique pourra monter à 70 conteneurs par jour, soit un demi-million de tonnes. « Ce centre n'est pas un investissement isolé. Il constitue l'un des maillons de la stratégie commerciale intégrée que nous mettons en place depuis plusieurs années pour accompagner nos clients en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient », précise le patron de Tereos, évoquant la création d'un réseau de 10 bureaux commerciaux depuis cinq ans, avec deux implantations commerciales cette année au Vietnam et en Afrique du Sud. Un dispositif qui a ainsi permis au groupe d'exporter 1,4 MT, en forte croissance (+40%).

Pour la région, la mutation du groupe s'est traduite par un programme lourd d'investissement : 220 M€ mobilisés depuis 2014 dans ses neuf sites in- dustriels. La seule usine d'Escaudoeuvres a bénéficié de 50 M€ d'investissements ces dernières années : économies d'énergie, nouveau four à chaux, cristallisation en 3 jets, une cuve sirop en 217, puis le centre logistique, qui a généré 22 emplois nets. Depuis 2014, Tereos indique avoir recruté 630 personnes dans la région pour un solde net de 140 postes. Il prévoit 120 embauches en 2019 dans les Hauts-de-France

Olivier Ducuing

Un soutien explicite de Xavier Bertrand à la gouvernance

Alors que le groupe coopératif fait l'objet depuis juin dernier d'une crise aïgue de gouvernance, avec la démission de 70 délégués de région et de 5 membres du conseil de surveillance, le président de région a apporté un soutien sans ambages à la direction de Tereos. « Si je suis là ce n’est pas le fait du hasard, c’est parce que je fais confiance à la gouvernance actuelle, qui a hissé ce groupe à la deuxième place mondiale », a-t-il déclaré, soulignant que « cette gouvernance n’a jamais oublié ses racines et sait que ce qui fait sa force ce sont ses planteurs ». Il a aussi appelé le monde paysan et politique à se mobiliser face à « une déstabilisation qui n’est pas régionale mais beaucoup plus large qui est en train de se jouer. Que Tereos soit devenu le deuxième groupe mondial, ça ne plait pas à certains acteurs, internationaux entre autres. » François Leroux, président du conseil de surveillance, a déploré « les failles de la gouvernance » des coopératives agricoles et « leur incapacité à se protéger efficacement contre des actions de déstabilisation (qui) en font des proies faciles ». « Il faut des moyens, il faut un gendarme, qui puisse agir en toute indépendance et impartialité », a-t-il déclaré, en appelant à s'inspirer du modèle de l'AMf.