Calais accueille sa deuxième autoroute ferroviaire
Inaugurée début novembre au Terminal Ferry de Calais, elle vise deux allers-retours quotidiens vers le nord de l'Italie dès 2019.
Calais intensifie son réseau de ferroutage. Le seul port français à disposer d'une autoroute ferroviaire en accueille une deuxième. Deux ans après l'ouverture de la première qui relie Le Boulou, à la frontière franco-espagnole, la nouvelle desserte connecte Calais à Orbassano en Italie. Soit 1 100 kms, parcourus par les trains en moins de 18 heures. Trois allers-retours hebdomadaires sont déjà effectués sans halte. Ce rythme devrait passer à deux allers- retours chaque jour fin 2019. L'exploitant de la ligne Viia, filiale de SNCF Logistics, évalue à près de 31 000 le nombre de camions transférés des routes au rail chaque année. Les bienfaits annoncés sur l'environnement ne sont pas négligeables : 1,2T de CO2 économisée par remorque et par voyage, soit 45 000 tonnes par an, d'après le maire de Calais Natacha Bouchart. La SNCF a constitué une enveloppe de 40 M€ pour l'ouverture de Calais-Orbassano. L'investissement porte principalement sur l'achat de 110 wagons conçus par le groupe alsacien Lohr et pouvant transporter jusqu'à 40 remorques chacun. "De plus en plus d'entreprises veulent transporter leurs marchandises de la façon la plus écologique possible, a déclaré Guillaume Pépy, lors de l'inauguration de la ligne au Terminal Ferry de Calais. Une solution existe et elle est française !"
Hub de référence
Quel avenir pour le fret ferroviaire ? Malgré les quatre autoroutes ferroviaires que compte désormais la France, ce mode de transport est à la peine. En 20 ans, son trafic a été divisé par deux pour ne représenter aujourd'hui qu'un petit 9% du trafic de marchandises. Le commerce sur Internet et la géographie en étoile du pays en sont la cause, selon la ministre des Transports Elisabeth Borne, présente à l'inauguration. "Nous ne sommes pas résignés. Je crois en l'avenir du fret ferroviaire. Il y a des perspectives de croissance", nuance t-elle.
En 2009, lors de l'engagement national pour le fret ferroviaire, l'Etat s'était fixé l'objectif de transférer 500 000 camions vers le rail. La part du non routier et non aérien devait passer de 10 à 15% d'ici 2022... On en est loin, la route semble encore longue ! Pas de quoi freiner les ambitions du patron des ports de Calais et de Boulogne Jean-Marc Puissesseau qui se montre optimiste : "Le port calaisien deviendra un hub de référence d’interconnexions mer-route- fer des flux entre le nord et le sud de l’europe grâce à la ligne calais-orbassano." Un Brexit "no deal" pourrait toutefois affecter le rythme de croisière du projet.
Questions à Guillaume Pepy, Pdg de la SNCF "Il est possible de ne pas perdre d'argent avec les autoroutes ferroviaires !"
Comment fonctionne une autoroute ferroviaire ?
Les autoroutes ferroviaires sont mal connues en France. C'est le fait de mettre les semi-remorques sur les trains. C'est une innovation de pointe française qui necessite un wagon de haute technologie pour que cela se fasse en toute sécurité. Cette année, on va transporter environ 100 remorques sur de longues distances, parfois 1000 kms de suite. Les quatre autoroutes françaises constituent un véritable réseau.
C'est très peu par rapport à tous les camions présents sur les routes. Comment développer ce service ?
Il se développe tous les jours. On a trouvé un modèle économique, il est possible de ne pas perdre d'argent en utilisant les autoroutes ferroviaires ! Tout le monde est gagnant. D'autant plus que les autoroutes ferroviaires de France permettent d'économiser 75 000 tonnes de CO2 par an. C'est une solution d'avenir qui va se développer sur le plan européen. A partir de Calais, on pense rejoindre le nord du Royaume-Uni, la Scandinavie et l'Allemagne. Ce sont des zones strategiques parce qu'il existe énormement de flux entre elles et le sud de l'Europe, et sur de très longues distances. Au-delà de 1 000 - 1 500 kms, l'autoroute ferroviaire a encore plus de sens.
Quel est le plus grand intérêt d'une autoroute ferroviaire ?
On peut constituer un vrai réseau de transport écologique de marchandises. Et ce sur les lignes existantes. La difficulté est que beaucoup de nos lignes sont saturées majoritairement avec nos trains régionaux... Ce n'est pas simple de trouver les bons horaires.
Recueilli par Julie Kiavué
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