Behav : Le cactus marocain comme alternative au cuir
Rita Hadjioui et Hind Benchaaboun mettent au point une matière écoresponsable et végétale alternative au cuir. Elles prévoient la commercialisation en 2024, d'abord pour l’automobile et le textile.
L’alternative écoresponsable au cuir n’est plus une utopie. Encore émergent, le marché mondial est cependant en pleine expansion. Evalué à 41 Mds € l’an dernier, il pourrait frôler les 90 Mds € dès 2025. A base d’ananas, de pommes, de raisins, de champignons... les solutions ne manquent pas. Notre région a vu naître en 2020 Vegskin et son alternative à base de déchets de bananes ou de mangues. Deux ans plus tard, les Hauts-de-France accueillent cette fois Behav. La jeune pousse met au point une matière à partir de cactus cultivé au Maroc, pays d’origine des fondatrices, amies d’enfance, Rita Hadjioui et Hind Benchaaboun, 29 ans toutes les deux.
La première est diplômée de l’ESC La Rochelle. Elle a été contrôleur de gestion dans les assurances, les transports et la mode à Paris. Hind Benchaaboun, ingénieur Polytech Nice Sophia, a également débuté dans la capitale comme chef de projet et consultante technique dans les médias et le digital. Mais « nous partagions l’envie d’entreprendre et de monter un projet impactant tant environnemental que social en France et au Maroc où les effets néfastes du secteur textile sont visibles sur l’environnement », raconte Rita Hadjioui.
Une dizaine de tonnes
L’aventure Behav débute en 2022 avec le lancement d’études et de tests, réalisés par un laboratoire partenaire marocain, sur une quinzaine de matières premières à valoriser. Rita Hadjioui et Hind Benchaaboun choisissent le cactus, notamment pour sa résistance. La jeune pousse collabore pour l’heure avec quatre coopératives agricoles au Maroc. Lesquelles emploient des femmes chargées du tri et du traitement des cactus. Ceux-ci sont par la suite acheminés vers les laboratoires de l’IMT Nord Europe, où l’entreprise est incubée et installée depuis fin 2022. Elle y transforme les cactus via un procédé bientôt breveté en une matière qui se veut « au plus proche du toucher et du visuel du cuir », indique Hind Benchaaboun.
En double incubation à Euratechno- logies, Behav a traité près d’une tonne de cactus pour effectuer ses tests l’an dernier. La start up, encore en phase de R&D, a bénéficié de 105 K€ de la part de la Fondation IMT Nord Europe, de la Région et de Bpi pour mener ses recherches. En 2024, les dirigeantes prévoient de traiter une dizaine de tonnes de cactus et de recruter trois personnes. Pour de premières commercialisations mi-2024. La production débutera chez un industriel partenaire. Le temps que Behav lève des fonds pour s’offrir sa propre unité, en région, espérée en 2025.
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