Georges Lotigier propulse Vade Secure en future licorne

Le serial entrepreneur nordiste réalise la plus grosse levée de fonds régionale de ces derniers mois avec sa société Vade Secure. Objectif : mettre le pied au plancher aux Etats-Unis pour créer un géant mondial de la cyberprotection de nos messageries.

 

A 60 ans, il aurait pu céder son entreprise, couler des jours heureux et s'adonner à ses plaisirs, jouer de la guitare basse, de la batterie, ou réhabiliter de vieilles fermes. C'était d'ailleurs le plan initial.  Quand Georges Lotigier reprend en 2013 la société Vade Retro Technology à Thierry Tarnus, qui se savait condamné, au côté de deux cadres de ce spécialiste de la protection du courrier électronique, il imagine remettre l'affaire dans une bonne dynamique pour la revendre deux ou trois ans plus tard.« Mais plus on avançait, plus on se disait que ce serait idiot. La société doublait de valeur tous les ans ! », sourit Georges Lotigier. Bien leur en a pris. Avec la dernière opération finalisée début juin, ce qui s'appelle désormais Vade Secure (prononcer « Vai-ide », à l'anglaise), la société a vu sa valorisation multipliée par ... 70 par rapport à ses débuts ! Après une première levée de 10 M€ (dont 3,5 M€ de dette) en 2017 avec le fonds numérique ISAI, Georges Lotigier fait cette fois monter à bord de sa holding LLG Capital l'américain General Catalyst -qui en devient le premier actionnaire, au terme d'une opération de 70 M€. L'entreprise est pourtant encore de taille limitée, avec 120 salariés et un chiffre d'affaires de moins de 20 M€, mais sa trajectoire est spectaculaire. « Nous avons un objectif de croissance la plus forte possible dans les 4-5 ans qui viennent », anticipe le dirigeant qui imagine un potentiel de plusieurs centaines de milions d'euros sur ce marché mondial d'1,5 milliard de dollars. Avec en outre un modèle très vertueux : les logiciels de protection développés par Vade Secure donnent lieu à un abonnement et donc à des revenus récurrents. Or les clients sont plutôt très fidèles avec une durée moyenne de 12 ans. Et l'entreprise sécurise déjà pas moins de 600 millions de boîtes à lettres électroniques face aux attaques devenues industrielles des cybercriminels. C'est depuis Hem, siège du groupe, qu'est née cette expertise à très haute valeur ajoutée, Georges Lotigier préférant approfondir toujours plus sa spécialité plutôt que d'élargir son spectre d'activités, ce que lui suggéraient la plupart des conseillers. Mais Vade Secure est désormais résolument international, avec quatre implantations en Amérique du nord, une filiale au Japon et une autre à Hong-Kong, ce qui conduit son dirigeant à voyager environ une semaine chaque mois.

Entrepreneur récidiviste

Georges Lotigier est un récidiviste de l'entrepreneuriat. Cet ingénieur électronique et telecom (Polytech Lille) avait créé en 1986 la société Exer, avec deux activités, modem et câble pour l'une, sécurité et réseaux internet pour l'autre (Data- comm), revendues depuis. Il a cofondé Netasq avec Thierry Tarnus -« un compagnon de route très constructif pour moi », revendue également (à EADS). On trouve encore ce membre du réseau Entreprendre Nord comme co-fondateur d'Open IO, et acquéreur d'Aretel en 2009, transformée depuis en Scalair, le tout hébergé sur un magnifique campus inauguré en 2017 à Hem. Netasq, spécialisé dans les firewalls, lui fut une expérience très utile. « On avait 10 sociétés de capital risque au board, c'était un peu compliqué. J'ai été très frustré en terme d'ambition de ne pas pouvoir faire ce que je fais aujourd'hui avec Vade secure », observe-t-il, rêvant ouvertement à transformer sa société en« licorne », ces entreprises de la tech valorisées au moins un milliard de dollars

Ces articles peuvent également vous intéresser :

Publié le 25/02/2019 Guillaume Roussange Portrait

Delphine Mathez met le cap sur le milliard

Artisane de la transformation de l'ETI familiale Stokomani, elle a permis au déstockeur de franchir le seuil des 100 magasins. Son ambition : doubler le chiffre d'affaires d'ici 2024 pour passer la barre du milliard d'euros

Publié le 25/10/2018 Guillaume Roussange Portrait

Christophe Juarez veut faire mousser Nicolas Feuillatte à l'international

A 59 ans, il dirige depuis 18 mois la coopérative de champagne Nicolas Feuillatte, basée non loin de Château-Thierry, dans l'Aisne. Son ambition : élever la marque au rang de grande maison à "vocation universelle".

Publié le 27/09/2018 Olivier Ducuing Portrait

Jean-Paul empereur, le roi du multi-marques

En trois décennies, l'autodidacte roubaisien a bâti une véritable ETI familiale de la vente automobile en région. Il pousse les gaz dans le Douaisis avec une nouvelle cité automobile et un nouveau siège. Décoiffant.

Publié le 27/06/2018 Olivier Ducuing Portrait

Sinequae : d'une étude d'huissiers classique à ... ETI

Hervé Marcotte-Ruffin et David Courbot. Leur entreprise née à partir d'une étude d'huissiers traditionnelle s'est développée dans le recouvrement sur le secteur concurrentiel. Elle vient de recruter 150 personnes en 18 mois.

Publié le 28/03/2018 Olivier Ducuing Portrait

Thaddée Segard, le rêve du consensus littoral

Défenseur du métro transmanche, du lien franco-britannique, d'une Marina géante à Boulogne, l'homme est devenu une voix écoutée du littoral. Qu'il espère faire entendre dans le nouveau Comité Grand Littoral.

Publié le 05/11/2017 Olivier Ducuing Portrait

Olivier et Sophie Lebreuilly multiplient les pains et les boulangeries

Ce couple parisien a décidé une reconversion inattendue dans la boulangerie. Trois ans après, ils sont 120 salariés et veulent doubler en un an.

Publié le 26/04/2015 Olivier Ducuing Portrait

Xavier Lucas : Il ressuscite les vieilles pierres de nos aïeux

Après les anciens hôpitaux de Valenciennes (photo) et Douai, le leader français de la promotion spécialisée dans les monuments historiques jette son dévolu, avec l'IRD, sur celui de Seclin, une merveille du XIIIe siècle.

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Publié le 28/03/2013 Portrait

Yves Delnatte : Homo connectus

Le directeur-associé de la SSII Ineat Conseil, pépite d'’Euratech, connaît une croissance fulgurante. Il déménagera en septembre vers de nouveaux locaux.