Le Palais Rameau cultive son avenir

Retour aux sources pour le Palais Rameau. L'édifice conçu par l'agronome Charles Rameau laboure ses prochaines années sous l'impulsion d'Yncréa Hauts-de-France. Le pôle privé associatif, qui fédère les écoles d'ingénieurs HEI, ISA et ISEN, prend possession du palais dans le cadre d'un bail emphytéotique de 25 ans signé avec la ville de Lille. Période pendant laquelle il ambitionne de transformer ce bel immeuble très daté XIXe en une ferme urbaine au rôle d’espaces de recherches, de production et d'innovation. Soit pas moins de 6 000 m2 sur trois niveaux ouverts tant aux chercheurs qu’aux étudiants et aux entreprises mais aussi au grand public. Début 2020, les travaux feront paraitre progressivement des labos, une cuisine connectée, un "Techshop vert", des bureaux d'activités et un espace réservé à l'événementiel. A son ouverture, prévue dans deux ans, le Palais pourra incuber une quarantaine de jeunes pousses. Il pourrait accueillir jusqu’à 1 400 personnes.

Ferme verticale

En extérieur, une ferme verticale poussera dans ses jardins pour permettre aux jardiniers en herbe d'expérimenter l'agriculture en conteneurs. La technique permet de démultiplier les surfaces de culture restreintes par nature en ville. "Arroser, planter et entretenir son potager en hauteur demande un certain savoir-faire. Nos ingénieurs seront là pour accompagner le public dans le potager mais aussi dans la cuisine connectée pour les aider à transformer leurs produits", détaille le Dg d'Yncréa Jean-Marc Idoux. Qui imagine également à terme la vente des cultures agricoles au sein de la Maison du gardien, à l'entrée du Palais. "La commercialisation nécessitera très certainement une petite évolution de la legislation", juge t-il. Dans ce futur temple vert, particuliers et professionnels pourront assister à des ateliers, des conférences et des formations animés par l'équipe pédagogique d'Yncréa. Le pôle associatif a d'ailleurs construit son modèle économique sur cette palette de services qui devrait l'aider à supporter les 250 K€ annuels évalués de coûts de fonctionnement.

Déployer sur la ville

Pour attirer le plus grand nombre, Yncréa compte générer tout un écosystème autour de son futur démonstrateur, composé notamment de ses fournisseurs, Eurasanté ou encore Euratechnologies, déjà partenaires de ses établissements d'ingénieurs. Ce maillage d'acteurs faciliterait le déploiement de certains projets hors les murs. C'est déjà le cas avec la serre expérimentale de l'ISA installée dans la halle gourmande de Fives Cail et imaginée au sein de l'école. "On ne veut pas faire dans l'exclusif car on s'attaque à un enjeu majeur, les nouvelles manières de nourrir le monde", remarque, à juste titre, Jean-Marc Idoux. D'autres projets actuellement en cours à l'ISA intégreront le Palais Rameau dès le lancement, laisse entendre le directeur. En tout, Yncréa mobilisera 16 M€ pour son démonstrateur de ferme urbaine "unique en région". Dont une grande partie financera la rénovation et l'aménagement de ce bâtiment classé Monument historique. Les architectes lillois de l'Atelier 9.81 ont imaginé des structures intérieures en bois, modulables et surtout démontables. "Là aussi, ça demande de l'innovation !, sourit Jean-Marc Idoux. Lorsque l'on quittera le Palais, il devra être comme si nous ne l'avions jamais occupé." Exigence de la Ville oblige.