La course aux loisirs indoor lancée dans la région

Les projets de parcs de loisirs d’intérieur se multiplient dans les Hauts-de-France. Les spécialistes avertissent sur une possible saturation du secteur.

Les loisirs indoor – d'intérieur, en bon français – ont le vent en poupe dans la région. Pas moins de trois projets sont en passe de sortir de terre. Le premier, porté par Cyril Parenna et baptisé Hall U Need, doit voir le jour à Saint-André-Lez-Lille, dans la métropole lilloise. Son concept ? Installer dans les anciennes Halles de la filature un centre de loisirs de 6 000 m2, accueillant 11 salles privatives de karaoké, 10 pistes de bowling, des salles de jeux interactifs 4D, des espaces sécurisés pour les enfants, ou encore un restaurant de 500 couverts ! Le tout représentant un investissement de 4 M€. Avec dans la besace une cinquantaine d'équivalents temps plein. À Croixrault (Somme), c'est un parc dédié à la réalité augmentée et baptisé Picard.ia qui doit voir le jour. Celui-ci sera porté par des investisseurs privés à hauteur de 2,4 M€, ainsi que par la communauté de communes Somme Sud-Ouest apportant elle, 3,5 M€. Autre exemple, dans l'Oise cette fois, la création d'une piste de ski par Eiffage, moyennant 60 M€, encore en attente d'autorisation, selon nos informations.

Nouvel Eldorado

L'indoor semble être devenu le nouvel Eldorado des loisirs en région. Gare cependant qu'ils ne se muent en miroir aux alouettes. Si les Français consacrent en effet toujours plus aux services récréatifs – plus de 6 Mds€ annuels !, une étude récente du cabinet Xerfi a montré les limites de croissance du secteur. "Le marché souffre d'un manque de structuration, ce qui entraîne un développement désordonné. Si l'offre privée répond bien aux aspirations des consommateurs, elle approche de la saturation", prévient Philippe Gattet, directeur d'études chez Xerfi. Le marché va se consolider, les exploitants cherchant à grossir et à accroître le panier moyen grâce à la restauration, par exemple. "La généralisation de la pratique du « team building » en entreprise a ouvert la voie à la clientèle d'affaires", poursuit le directeur d'études. C'est la stratégie de Koezio, un groupe né à Lille il y a une douzaine d'années par Bertrand Delgrange avec le soutien de la famille fondatrice du groupe Décathlon (Fonds Genairgy / J.Leclercq). Depuis, le groupe est devenu un acteur important des loisirs indoor, avec ses 200 salariés et son chiffre d'affaires de 12 M€. La clé de cette réussite ? Être parvenu à échapper à la saisonnalité des activités de loisirs en développant un concept de parc urbain à mi-chemin entre Fort Boyard, un film d'aventure, un escape game et une salle de réalité 3D. De quoi attirer un public très large, composé de familles, mais aussi de salariés d'entreprise. "Notre originalité repose aussi sur la création de contenus exclusifs développés par notre société de production interne. Nous cultivons l’esprit d’équipe, la cohésion et la convivialité afin de créer du lien par le jeu", explique le dirigeant de Koezio. Visiblement, la recette fonctionne. Les quatre premiers sites Koezio attirent déjà, en moyenne, 130 000 joueurs chaque année. Et la partie semble loin d'être finie : Koezio inaugurera très prochainement, son 5e parc moyennant 4 M€ d'investissement environ à Lyon. Un nouveau terrain de jeu pour le groupe qui avance ainsi ses pions dans le Sud.