Traitement des déchets infectieux : Ecodas, boosté par l'international

Déjà présent dans 85 pays, le fabricant de machines de traitement de déchets d’activités de soins à risque infectieux a connu un exercice 2020 exceptionnel. Il veut aujourd'hui attaquer de nouveaux domaines.

 

Une cinquantaine de machines sort tous les ans de cette usine de 6 000 m2 située au cœur de Roubaix, destinées à 95% à l’export. Ecodas travaille avec une centaine de distributeurs dans le monde entier. Autant dire que le développement à l’international n’a plus de secret pour le dirigeant Jeff Squalli (photo). Ses machines, qui broient et stérilisent par vapeur d’eau essentiellement les déchets d’hôpitaux à risque infectieux ont largement convaincu : elles évitent la pollution de l’incinération et permettent aux déchets réduits à 80% de rejoindre la filière des ordures ménagères. Pour autant, les débuts ne furent pas simples. Lorsque le patron roubaisien invente le procédé en 1993, « nos phares se sont dirigés spontanément vers les hôpitaux de scandinavie, déjà engagés dans la transition écologique, avec un pouvoir d’achat élevé. Mais contre toute attente, nous n’avons rien vendu car le pays était déjà doté. » Ses premiers clients à l’export viendront finalement de pays en développement.

Il en tire alors sa première leçon d’export : « il ne faut pas avoir d’a priori et aller là où il y a des besoins. » Mais quel que soit le pays, la patience s'impose: « nous devons en amont rencontrer les politiques et organiser des conférences scientifiques pour convaincre les hôpitaux et se faire homologuer. » Si les parties se mettent d’accord, le plus dur est alors acquis car selon Jeff Squalli, les machines en elles-mêmes prennent peu de place et offrent un bon rapport qualité-prix : « Pour un hôpital de 500 lits, la machine a besoin de l’équivalent de deux places de parking, a une durée de vie de 30 ans, évite le surcoût d’un prestataire extérieur et nécessite un investissement de 200 K€. On est loin des millions d’euros nécessaires pour un scanner.» Mais qui dit export dit contraintes logistiques fortes, largement impactées par la pandémie : « On manque régulièrement de containers et de bateaux pour les envois.» Mais grâce à des stocks importants, l’entreprise a pu répondre à la hausse de production des déchets des hôpitaux sur cette période. Le chiffre d’affaires devrait générer plus de 10 M€ fin 2022, en hausse de 40%, et les équipes sont passées sur place de 20 à 26 salariés en deux ans. Mais si l'ex- pansion internationale est si dynamique, pourquoi Ecodas vend si peu en France ? « Les hôpitaux font appel à 80% à des incinérateurs externes, et c’est compliqué de changer les habitudes », regrette Jeff Squalli. La donne pourrait changer avec une nouvelle aide financière de l’Ademe, qui encourage les hôpitaux à réduire leur empreinte carbone en s’équipant, in situ, de machines de stérilisation des déchets.

Produire du biogaz

Même s’il a fait le tour de la question, Jeff Squalli n’est pas homme à s'asseoir sur ses lauriers. Son développement, il le voit certes géographique, mais aussi sectoriel en directions des déchets pharmaceutiques, alimentaires dans les secteurs agroalimentaire, portuaire ou aéroportuaire, mais également des déchets d’animaux dans les abattoirs avec des conséquences inattendues : « cuits, broyés, et débarrassés de leurs risques infectieux, ces déchets peuvent même devenir de la matière organique neutre, à utiliser dans le circuit de méthanisation, pour produire du biogaz ou dans le compost pour pro- duire des fertilisants bio enrichis. » A suivre, donc !

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