3 questions à Frédéric Motte : "On est à un vrai tournant"
Le président de la mission Rev3 analyse pour Eco121 l'émergence d'une dynamique puissante autour de l'électromobilité dans notre région.
Comment analysez-vous la convergences des implantations de gigafactories sur notre territoire ?
C'est la conjonction d'une volonté politique et d'une rencontre avec les acteurs industriels, qui ont la volonté d'avoir tout un écosystème autour d'eux. Les politiques et les élus locaux se sont bien mobilisés pour obtenir ces trois usines, peut-être quatre avec Tiamat, qui a de bonnes fées autour du berceau pour changer de dimension. Ils sont petits aujourd'hui, mais tout comme Verkor l'était à ses débuts. Car le défi est qu'il faut aller très vite. Tiamat, comme les licornes Exotec ou Innovafeed, sont des entreprises qui à la base ont été aidées par la Région quand il n'y avait pas de visibilité et qu'il y avait peu d'acteurs pour prendre des risques. Mais aujourd'hui quand il s'agit de lever 100 M€, ce n'est plus nous.
Ce mouvement autour de l'électromobilité est-il une forme de consécration de Rev3 ?
Oui, on est à un vrai tournant. Depuis dix ans, on a posé les petites pièces du puzzle. Aujourd'hui le défi, avec Xavier Bertrand, est d'en faire le fil rouge de nos politiques pour aider tout le monde à passer à l'acte et à massifier. Pour cela, il faut mieux travailler ensemble. Nous avons mis en place il y a six mois un collectif sur l'électromobilité, sur le même principe que le CORBI pour la méthanisation, baptisé COREM, pour Collectif régional pour l'électromobilité. Six groupes de travail ont été constitués pour réfléchir par exemple sur les enjeux de formation ou encore sur les bornes de recharge. L'objectif est d'avoir une feuille de route à la rentrée de septembre. C'est compliqué pour les gigafactories qui sont contraintes par des exigences de rapidité et la tentation est grande de partir chacun de son côté. Mais si elles ne tiennent pas compte de tout leur écosystème, elles vont se casser la figure.
N'y a -t-il pas un vrai risque économique, pour une filière totalement nouvelle ?
Il faudra d'abord que la concurrence soit équitable. L'autre question sera la capacité d'adaptation de ces usines à l'évolution des technologies, à avoir les bons outils de production, les hommes formés, les centres de recherche. Le lien amont-aval se met enplace, mais pas devant les tréteaux. Le monde universitaire est ainsi associé au COREM, on travaille avec Unirev3, qui réunit 33 établissements supérieurs de la région pour plancher sur ces enjeux de transition.
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