31700 emplois dans le secteur numérique régional

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La filière numérique régionale est entrée discrètement dans l'âge adulte. Selon l'observatoire des TIC, le secteur compte désormais 4181 établissements. Le gros des bataillons est localisé dans la métropole lilloise qui concentre 70% des salariés de la filière. Cette dernière représentait à elle seule 6% des créations d'entreprises en région en 2009.
Selon des statistiques de Deloitte et KPMG sur la base de 50 diagnostics conduits en 2009, la filière est jeune (44% d'entreprises ont moins de cinq ans), les entreprises de taille modeste (47% ont de 1 à 3 salariés) avec un chiffre d'affaires limité (51% en dessous de 0,3 million d'euros).

Votre filière, inorganisée il y a encore cinq ans après la bulle Internet, pèse désormais plus que le secteur textile. Comment ?

Il y a eu une phase au cours de laquelle nous avons perdu beaucoup d'entreprises de création numérique, comme Oeil pour Oeil ou TeamChman. Nous avons eu peur que les  " artistes " de haut niveau quittent massivement la région. Mais ils sont restés. Nous avions aussi un enjeu important sur le e-commerce, la question étant de savoir si le commerce traditionnel allait s'engager dans cette technologie. C'est le cas : aujourd'hui la région compte presque 400 sites marchands. Globalement la région a réussi à prendre correctement le virage.
Nous avons la chance avec nos écoles de très bon niveau d'avoir des cadres qui se forment dans la région. Et depuis dix ans, on en garde toujours un peu plus chaque année. Cela favorise de grands acteurs comme Atos Worldline ou Cap Gemini, mais aussi beaucoup d'entrepreneurs, d'autant plus que nos salaires sont 20% en-deça de la région parisienne. Nous devenons une terre qui attire les nouvelles technologies. Nous avons structuré trois grands clusters, sur la sécurité, l'économie de la connaissance et l'open source. C'est très attractif pour beaucoup d'entreprises.
 

En-dehors des majors des IT, la filière est majoritairement composée de TPE. N'est-ce pas une faiblesse ?

 
La filière présente surtout deux points faibles . Le premier, c'est sa sous-capitalisation. Par rapport à Rhône-Alpes ou à l'Allemagne, nos Pme n'ont pas suffisamment les moyens de leur ambition et de leur croissance. Ca ne suffit pas pour passer de 5 à 200 salariés : si demain un marché important se présente, la société ne pourrait pas financer la croissance organique, les embauches en nombre, ou même la croissance externe. Nous restons des TPE de 10 à 20 personnes. L'autre difficulté vient du fait que les patrons du secteur sont à 95% des techniciens et ingénieurs qui n'ont ni la culture commerciale  agressive des HEC, ni l'exigence des financiers pour lever des fonds.
Créer une entreprise en nouvelle technologie ne demande pas beaucoup d'investissement, mais il est souvent plus difficile de ne pas négliger le coût de la commercialisation, ou le recrutement de commerciaux seniors.
 
Mais en dehors de tout cela, il faut aussi regarder vers le haut : notre région abrite aussi les plus grosses croissances en matière d'entreprises IT à l'exemple de OVH et d'ANKAMA, qui au classement Deloitte Fast 50, affiche respectivement près 7500 % et 8200 % de croissance, c'est-à-dire que ces entreprises font aujourd'hui 75 et 82 fois plus de chiffre d'affaires qu'il y a cinq ans sur le même secteur d'activité.
 

Les dirigeants  de votre secteur sont-ils conscients aujourd'hui de la structuration de la filière en région ?

Depuis deux ans, nous avons fait le tour des territoires en région, de Boulogne / Mer à Valenciennes en passant évidemment par la Métropole,  nous avons expliqué aux dirigeants qu'une entreprise seule dans son coin est plus fragile que dans un consortium. Grâce à ce dispositif, j'ai pu répondre avec Archimed à trois ou quatre appels d'offres dont je couvre " techniquement " seulement 60% de la réponse, avec d'autres partenaires. Vu la complexité des marchés, une TPE ne peut pas travailler toute seule. Chassons en meute pour construire des projets et vendre notre savoir-faire!  La grande distribution elle même réunit désormais des entreprises innovantes qui ne sont pas dans leur catalogue habituel de prestataires, pour écouter les Pme innovantes, parler de e-mobile et de commerce du futur. Cela fait 17 ans que je suis dans la filière. Honnêtement je sens depuis deux ans une vraie prise de conscience d'approche collective et un soutien politique de qualité.
 

Pensez vous que cette dynamique soit durable ?

L'accompagnement que nous avons commencé à initier n'a de sens que dans une logique de convergence avec les politiques publiques. Nous travaillons avec l'Etat et la région pour avancer sur notre approche de grands projets. Nos avons par exemple été consultés au titre de l'économie de la connaissance pour la candidature régionale au Grand Emprunt. Nous devons faire connaître aux donneurs d'ordre publics et  privés nos entreprises innovantes. Le privé est allé plus vite, demain il faudrait que nos entreprises soient également consultées en amont d'appels d'offres publics, ce que font les régions Rhône-Alpes ou Paca, tout en restant bien sûr dans la légalité.

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