Arc vise une croissance de 36% d'ici quatre ans par l'international

"Si nous n'avions pas fait ces développements, nous serions dans une situation
extrêmement critique". Guillaume de Fougières, président du directoire d'Arc International, parle sans langue de bois. Les implantations en Chine dès 2003 et aux Emirats Arabes Unis en 2004, se révèlent absolument décisives dans le retour en forme du verrier. Une sorte de légitimation post mortem de la stratégie industrielle de l'ancien président du groupe, Philippe Durand (décédé en 2007), fils de l'emblématique capitaine d'industrie Jacques Durand, bâtisseur d'un géant aux bases très nationales.

Aussi l'inauguration en grande pompe du four n°4 de Ras-al-Khaimah (Emirats Arabes Unis), en présence du cheikh, co-actionnaire minoritaire, et d'une grande partie des membres de la famille Durand, avait-elle un fort parfum d'émotion. Il s'agit cette fois d'un doublement de capacité de ce site, sur un marché très porteur dans un secteur du monde où les arts de la table sont un mode d'affirmation sociale fort. Il s'accompagnera d'une extension du four 3 dans les tout prochains mois, avec des productions adaptées aux marchés locaux (verres à thé, brocs, bocks), et porte à une centaine de millions l'investissement total consenti sur le site. Soit 80 000 tonnes sur une capacité du groupe de 400 000.

"Il y a deux saisons ici, l'été et l'enfer"

Les conditions d'exploitation industrielle aux Emirats sont exceptionnelles dans tous les sens du mot : énergie, main-d'oeuvre et coût des investissements particulièrement compétitifs, mais aussi chaleur hallucinante. Près des machines, la température excède les 50°C. "On dit qu'il y a deux saisons ici, l'été et l'enfer",plaisante un des expats d'Arc. Les ouvriers s'affairent à raison de 48 heures de travail hebdo... Heureusement, des pièces climatisées sont réparties dans toute l'usine. Et pendant le ramadan, les salariés tournent toutes les demi-heures sur les postes de travail. Le site est désormais une unité d'envergure, qui atteindra 1 850 salariés à pleine charge (dont 6 français).

Le groupe entend maintenir le pied sur l'accélérateur de l'international, qui lui permet d'ambitionner plus qu'un maintien, un renforcement de ses positions : Guillaume de Fougières vise le cap du 1,5Mdd'€ de CA en 2015, soit une progression de 36 % par rapport à 2010. Dès cette année, le volume de ventes devrait monter à 1,2 Md, avec une forte rentabilité de ses unités émiratie et chinoise. Cette dernière devrait voir l'arrivée d'un second four dans les trois ans, compte tenu d'une croissance locale de 30 % l'an. Et le groupe arquois vient de finaliser le 6 octobre la prise de contrôle du russe OSZ, à 300 km de Moscou (1 200 salariés). De quoi conforter sa santé, et du même coup, le navire amiral audomarois. Même si ce dernier doit encore connaître un ultime coup de rabot sur 200 postes en 2012, pour atteindre un "point d'équilibre" de 5 500 salariés, correspondant au marché européen et à l'innovation.