Cousin Biotech relève le pari du nettoyage au CO2 supercritique
La technologie est une innovation de rupture déjà connue en agroalimentaire et en parfumerie. Le fabricant de dispositifs médicaux textiles est le premier à l’intégrer dans le médical pour le nettoyage, demain peut-être pour la stérilisation.
L’innovation est indéniablement dans les gènes de Cousin Biotech. A telle enseigne que 10% des effectifs de l’entreprise de Wervick-Sud s’y consacrent quotidiennement. Demain, Cousin Biotech pourrait bien révolutionner le nettoyage des dispositifs médicaux avec un nouveau procédé : le CO2 « supercritique ». Ce dernier est obtenu lorsque le dioxyde de carbone est soumis à une température de 31°C. Il devient alors “ni liquide, ni gazeux”, avec un haut pouvoir solvant, explique l’un des ingénieurs de Cousin Biotech. Bien que connu dans l’agroalimentaire et la parfumerie, ce procédé de nettoyage est une première dans l’univers médical. Encore aujourd’hui, Cousin Biotech nettoie le plus souvent ses implants textiles à l’éther. Un solvant dangereux pour la santé, difficilement recyclable et coûteux.
Demain, le fabricant nordiste de dispositifs médicaux textiles pourrait réduire radicalement son utilisation au profit du CO2 supercritique, à l’issue d’un investissement de près d’1M€ : 300 K€ pour la machine d’extraction de CO2 supercritique, le reste pour la validation et la qualification du process, et le temps ingénieur. « C’est un très gros investissement pour nous, financièrement et également en temps. Mais qui permet une réelle avancée dans notre secteur », explique le Dg François Hénin. Le seul calibrage de la machine d’extraction a déjà nécessité une année entière. A ce jour, le procédé a été validé sur un premier dispositif médical de Cousin Biotech. Normes réglementaires obligent, la société devra montrer patte blanche pour l’ensemble de ses produits. Avant de commercialiser, courant 2021, ses tout premiers implants nettoyés au CO2 supercritique. Et d’envisager, à plus long terme, le déploiement de cette technologie en sous-traitance auprès de ses clients et partenaires.
S’il est encore trop tôt pour chiffrer les économies potentielles, Cousin Biotech assure que cette innovation écologique lui permettra de gagner un temps précieux. Suivant la complexité du dispositif médical, le niveau de propreté recherchée sera atteint en une à deux heures avec le CO2 supercritique... contre 24 heures avec l’éther !
Vers une nouvelle utilisation « inédite » ?
Les équipes de Cousin Biotech n’ont pas attendu avant d’explorer toutes les possibilités qu’offrait le CO2 supercritique. Au fil de leurs recherches, elles ont découvert que ce dernier disposait apparemment des propriétés nécessaires à une stérilisation. Pour confirmer sa thèse, Cousin Biotech s’est allié à plusieurs universités françaises, dont celle de Lille, et d’industriels tel le fabricant nordiste de prothèse naturelle de reconstruction mammaire Lattice Medical. « Si cette découverte s’avère exacte, elle serait majeure et inédite !, assure François Hénin. Mais avant cela, nous avons encore cinq ans de travail devant nous ».
Cousin Biotech en bref
Création : 1995
Effectifs : 100 salariés
16 M€ de chiffre d’affaires, dont 9% réinvesti en R&D
Présence dans 58 pays
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