Morphée+ traque les chutes des séniors
Le capteur de Bruno Duperrier, issu des technologies radar, sait détecter les chutes des personnes âgées et avertir les secours. Demain, il pourrait repérer les maladies respiratoires telle la Covid-19.
Il vient tout juste de s’installer à Eurasanté, en juin dernier, dans la banlieue lilloise. « C’est l’occasion de passer une nouvelle étape dans un écosystème dédié à la santé, après Dijon puis l’incubateur de Polytechnique à Paris-Saclay. J’espère me poser », sourit Bruno Duperrier, Dg de Morphée +. La société développe un capteur pour prévenir les conséquences des chutes des personnes âgées, à domicile ou en Ehpad. Installée discrètement sur le mur, la colonne du capteur utilise les données cardiaques et respiratoires en mesurant en temps réel les mouvements de la cage thoracique. En cas de chute, les données partent vers un serveur sécurisé qui déclenche l’alerte. Sa force est de proposer une solution sans vidéo et sans contact cutané.
Distribution mondiale
« L’idée vient de mes 25 ans d’expérience dans le secteur médical et auprès des séniors » explique Bruno Duperrier, par ailleurs dirigeant de Cerig, éditeur de logiciels santé à Limoges. « Je savais que les chutes de personnes âgées représentent un enjeu de santé public. seules 18% d’entre elles sont détectées à temps, selon la haute autorité de santé. Or une meilleure prise en charge permet un gain de temps et des économies. on compte aujourd’hui 500 000 chutes par an, dont 75% en ehpad, soit un coût de 2 Mds€. » En 2014, il rencontre le laboratoire Onera, centre de recherche aérospatial qui détient un brevet de capteur radar. Leur collaboration, avec le soutien financier (400 K€) de SATT Paris-Saclay, Société d’accélération du transfert de technologies et l’accueil au sein de X-Up, l’incubateur de Polytechnique permettront de développer le concept de Morphée+. Bruno Duperrier crée alors l’entreprise en 2018 avec son associé Sylvain Azarian, directeur technique et fait entrer au capital SATT Paris-Saclay (10%), X-Création fonds d’investissement de Polytechnique (5%), Cerig et quelques particuliers. La structure compte déjà 5 salariés.
Détecter la Covid-19
La solution rentre en phase de commercialisation avec une expérimentation dans deux Ehpad de l’Essonne et une première vente à distributeur, permettant de générer 100 K€ de chiffre d’affaires d’ici la fin d’année. Morphée + a aussi été sélectionné dans le cadre d‘un appel à projets Silver Surfer pour expérimenter la colonne à domicile pendant trois mois jusque fin 2020. « L’objectif est que Morphée + soit reconnu à terme comme dispositif médical, puis soit remboursable. Les solutions pourraient être commercialisées massivement dès 2021, via notamment Cerig », souligne Bruno Duperrier qui envisage un développement en France, mais aussi aux USA, Australie et Japon. Même si la crise sanitaire complexifie l’accès aux Ehpad, « je reste convaincu que Morphée + peut à terme soulager la vie des équipes au quotidien » estime le Dijonnais.
L’aventure ne s’arrête pas là. L’entreprise mène des recherches qui permettraient au capteur de détecter - via les mouvements de la carotide et de la cage thoracique - l’apparition de symptômes de dyspnée : une gêne respiratoire, caractéristique de maladies respiratoires (dont la Covid-19) et cardiaques, qui nécessite une prise en charge. Par ailleurs, Morphée + pourrait à terme intégrer un thermomètre à infrarouge. Des projets qui supposent une nouvelle levée de fonds de 2 M€.
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