Érosion du trait de côte : la quadrature du cercle

La politique de l'Etat  s’oriente désormais vers « un recul stratégique », c’est-à-dire un abandon pur et simple des zones les plus menacées. La politique de l'Etat  s’oriente désormais vers « un recul stratégique », c’est-à-dire un abandon pur et simple des zones les plus menacées.

Comme tout notre littoral régional, la côte picarde est menacée par l'avancée de la mer, face à laquelle les communes sont bien désarmées.

En mai dernier, le gouvernement dévoilait la liste des 126 communes françaises, dont l'adaptation à l'érosion du littoral est jugée prioritaire. Parmi elles deux picardes : Ault, connue pour ses magnifiques falaises, et Saint-Quentin en Tourmont, au nord de la Baie de Somme, dans le Marquenterre. Injonction leur est faite de se doter du fameux "plan de prévention des risques littoraux", une cartographie prédictive de l’évolution du trait de côte, à 30 et 100 ans, conditionnant les futurs aménagements. La menace est sérieuse. En un siècle, la falaise d'Ault a reculé de plusieurs dizaines de mètres. L’été dernier, un éboulement a fait bouger une route d’une quinzaine de centimètres. A Saint-Quentin en Tourmont, le risque est moins immédiat, mais avec l’accélération du réchauffement climatique, le menace de submersion doit être anticipée. Ces exemples sont loin d’être isolés. Le bureau d’études Géodunes, qui a suivi 16 sites, de la baie d'Authie à la frontière belge, a révélé que la moitié d’entre eux avaient subi un recul du trait de côte en dix ans.

Face à ces défis, les communes sont bien désarmées. Ault, comme Saint-Quentin ou Cayeux-sur-Mer, se sont certes dotées de Plans de prévention des risques (PPR) qui, adossés aux plans d’urbanisme, rendent déjà très restrictives les possibilités de construction.

Mais comment lutter efficacement contre l’inexorable ? Jusqu’à présent, les seules solutions mises en œuvre ont consisté, du Tréport à Cayeux-sur-Mer, à construire des épis en béton, opérer des rechargements de galets ou construire des digues de sable. A eux seuls, les travaux à entreprendre dans la zone Bresle-Somme-Authie pour lutter contre la submersion marine sont estimés par les collectivités à 64 M€. Au Crotoy, les travaux à engager pour protéger la ville, prévus à partir de 2025 - si les financements sont réunis - dépassent déjà les 20 M€.

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Travail de Sisyphe 

Les collectivités, dont les finances sont à l’os, n’auront sans doute pas toutes les moyens de mener ce travail de Sisyphe. Pas plus que l’Etat, dont la politique s’oriente désormais vers « un recul stratégique », c’est-à-dire un abandon pur et simple des zones les plus menacées. Un argument difficile à entendre pour les élus locaux, pris en tenaille entre la protection des habitants et le nécessaire développement économique, touristique notamment. Plus de 70 000 habitants résident sur la Côte picarde. Au plan national, pas moins de 50 000 logements pourraient être menacés par l’avancée de la mer, d'ici 2100. 

Alerte rouge sur la forêt de Chantilly

Selon l’Institut de France, propriétaire du Domaine de Chantilly, 47 000 arbres répartis sur les 6 300 hectares de forêt, seraient menacés de disparition. Le coupable est bien identifié : le réchauffement climatique, à l’origine de sécheresses à répétition, mais aussi de la multiplication d’insectes invasifs, des hannetons notamment. Bref, un « concentré des dangers guettant les massifs français », comme le résumait Daisy Copeaux, ingénieur forestier du Domaine, à l'occasion du lancement, en avril 2021, d’une étude inédite menée avec l’Inrae. 3 M€ doivent y être consacrés sur trois ans pour permettre à une cinquantaine de chercheurs de mesurer précisément le phénomène, mais aussi d’apporter des réponses, l’implantation de nouvelles essences plus résistantes notamment. L’enjeu est autant écologique qu’économique. A elles seules, les ventes de bois de la forêt rapportent 1,2 M€ de revenus annuels, auxquels s’ajoutent les retombées touristiques. Chaque année, le Domaine attire plus de 450 000 visiteurs 

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