Un pari industriel majeur, risqué... et nécessaire
Derrière l'incontestable réussite de l'implantation d'usines stratégiques dans l'électrification de l'industrie automobile, les obstacles ne manquent pas face aux défis à relever.
Trois gigafactories dans notre région et une filière qui se met en place assurent-elles l'avenir de notre industrie automobile ? Cela va clairement dans le bon sens, mais les défis sont encore très nombreux devant nous. D'abord, il s'agit de démarrer correctement ces nouvelles usines XXL. Car ces technologies en continu, proches par certains aspects des exigences de la pharmacie, au ticket d'entrée gigantesque, doivent s'apprivoiser. On ne peut se permettre d'accidents industriels tels que les retards et les surcoûts de l'EPR de Flamanville, par exemple. La formation des Hommes est un enjeu central pour franchir cette première étape. La technologie est par ailleurs appelée à évoluer. C'est là où nos usines ont cette fois un atout important par leur développement prévu en modules. Chaque nouveau bloc doit intégrer les nouvelles technologies plus performantes, et gagner ainsi beaucoup en productivité dans le temps.
Course contre la montre
C'est une course contre la montre redoutable car la décision du tout véhicule électrique en 2035, adoptée de façon toute verticale par le Parlement européen, a placé en grande difficulté une industrie européenne très avancée dans la technologie du moteur thermique, arrivé à un niveau de performance remarquable. Dura lex, sed lex. La loi est dure mais c'est la loi. Néanmoins, sa mise en pratique brutale et sans garde-fou serait d'abord un tapis rouge déroulé aux véhicules chinois. Ces derniers sont très nettement favorisés par des régulations européennes basées sur la pollution en sortie d'échappement et non pas sur le cycle de vie, qui intégrerait par exemple l'acier ou le transport. « Et l'Union européenne est en permanence en train d'ajouter des couches réglementaires », déplorait récemment Marc Mortureux, directeur général de la PFA, la plateforme française automobile.
Or cette industrie reste fragilisée depuis la crise sanitaire, avec un niveau de production nationale tombé à 1,5 million de véhicules. La troisième année de suite de marchés historiquement bas. Et le défi est de taille pour faire remonter les volumes avec des véhicules électriques bien plus chers.
De fait, l'un des principaux enjeux, sinon le principal, sera le prix de sortie des véhicules. Car si les constructeurs européens ne parviennent pas à faire baisser les coûts de production, à commencer par celui des batteries, les consommateurs ne pourront s'offrir que les voitures chinoises low cost, mais dont la qualité s'est déjà beaucoup améliorée. A fortiori si les constructeurs européens abandonnaient leurs concessions, sur lesquels les Chinois pourraient précisément faire main basse et s'ouvrir toutes grandes les vannes commerciales
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• Disponibilité d’électricité et d’hydrogène décarbonés à un coût compétitif
• Déploiement des infrastructures de recharge sur tout le territoire
• Sécurisation des approvisionnements en matériaux stratégiques
• Environnement compétitif pour la montée en puissance en France des nouvelles chaines de valeur (batteries, électronique de puissance, piles à combustibles, e-moteurs)
• Respect des feuilles de route de décarbonation des filières amont au secteur auto (acier, alu, chimie...)
• Mise en place de filières complètes de recyclage
• Soutien aux différentes formes de mobilité partagée et report modal
• Accès à des carburants liquide bas carbone
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