Immobilier : Quel visage aura Lille dans dix ans ?
Alors que le projet urbain majeur de Saint-Sauveur vient d'être annulé par la justice administrative, mais immédiatement réaffirmé par les collectivités, Eco121 se penche sur quelques grands projets urbains de Lille. Visite guidée.
« Un projet cryogénisé ». C'est ainsi que la Voix du Nord avait joliment qualifié le projet Saint-Sauveur, paralysé par les recours d'associations. Paradoxalement, c'est peut-être de la décision du tribunal administratif, trois ans après un référé suspensif, que va venir la relance de ce projet majeur de 23 hectares contigus au centre ville, une opportunité urbaine rare. Martine Aubry et Damien Castelain ont du reste immédiatement publié un communiqué commun, soulignant que le jugement ne s'appuie que sur des arguments de vice de forme mais retient clairement l'intérêt général du projet. « Plus que jamais, nous avons la volonté de faire de notre territoire une référence du mieux-vivre social et écologique, et nous le construirons, comme nous l'avons toujours fait, en concertation avec les habitants », déclarent d'une même voix les deux édiles. « Le projet sur le fond n’est pas contesté », martèle de son côté Stanislas Dendeviel, adjoint au maire en charge de l’urbanisme.
L’intérêt général tient d'abord au besoin criant de 43 000 logements sur la métropole d'ici à 2028 : Saint-Sauveur doit en générer à lui seul 2 400, en trois tiers presque égaux de logements sociaux, d'accession et de logements libres.
Le nouveau quartier, dessiné par l'architecte Jan Gehl, comprendra aussi 35 000 m2 de bureaux, des locaux d'activité et 3,4 hectares d'espaces verts étendus à 10 hectares par l’acquisition de parcelles contigues. Insuffisants, dénoncent les oppositions. Les députés Insoumis Adrien Quatennens et Ugo Bernalicis veulent zéro construction pour y réaliser un « poumon vert ». Europe Ecologie Les Verts demande pour sa part une « remise à plat » pour offrir aux Lillois « un projet d'un grand parc sur les espaces non bâtis de la friche Saint-Sauveur ».
La mairie souligne quant à elle que l'ancienne gare de triage est un site bétonnisé à 80%, et que le projet va précisément dépolluer et désimperméabiliser cette friche pour la transformer en un nouveau quartier bas carbone équilibré entre logements, espaces verts publics et piscine olympique. Nul doute néanmoins qu'il faudra être patient avant de voir les premières constructions sortir de terre.
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Lille Sud, le renouveau
La Ville avance plus vite dans ses autres territoires. Le centre, où le projet Euralille3000 ambitionne d’offrir un nouvel élan au quartier d’affaires grâce à de nouveaux logements, des services de proximité et des équipements de loisirs. Citons également la réalisation du Forum Agora rue Gustave Delory en pleine construction. Mais aussi le sud de la ville, avec l'énorme projet de Cité administrative, appelée à favoriser la couture urbaine avec Lille sud qui poursuit sa mue (lire p.26).
Riche de ses 20 000 habitants, le quartier est le plus important des 13 quartiers concernés par le Nouveau Programme de Renouvellement Urbain de la MEL (1,88 Md€ hors taxes). Il y a un an, la nouvelle locomotive de Lille Sud, le centre commercial Lillenium, sortait de terre au forceps. Autre projet d’envergure annoncé, celui du « plus grand complexe cinématographique du Nord », porté par le groupe Pathé.
Depuis l’obtention du permis de construire à l’été 2019, les 15 futures salles de la rue de Marquillies ont dû faire face à de longs mois de pandémie - particulièrement difficiles pour l’industrie du cinéma. « Il y a eu beaucoup de retards, les caisses des cinémas sont vides, rappelait Martine Aubry lors de sa conférence de presse de rentrée, début octobre. Mais j’ai parlé avec Jérôme seydoux, coprésident de Pathé, le projet se fera ».
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Longue haleine
Autre quartier en profonde refonte, l'ancien périmètre industriel Fives-Cail-Babcock. Depuis 2012, l’aménageur Soreli y bâtit un ecoquartier sur un périmètre colossal : 25 ha, à cheval sur Lille et Hellemmes, comprenant 17 ha de friche industrielle.
Après une phase 1, qui a vu naître en huit ans un lycée hôtelier international, un gymnase municipal ou encore les Halles gourmandes, la phase 2 a débuté cette année. Pas moins de 700 logements, des lieux d’activités, un parc de 3,5 ha sont attendus. Sans oublier une piscine intercommunale, vouée à remplacer celles hors d’âge de Fives et de Hellemmes. Un vaste chantier qui devrait (lui aussi) prendre encore quelques années.
Tout comme l’ancien siège de la MEL, rue du Ballon, qui n’a guère plus de visibilité sur son avenir, faute de nouveau propriétaire. La vente annoncée en 2019 au duo Vinci-BNP, pour 95 M€, s’est rapidement enlisée. Le programme immobilier Metropolitan Square, et ses 87 000 m2 de construction, en lieu et place des locaux métropolitains, était jugé « trop dense » par Martine Aubry. Mettant dès lors un coup d’arrêt au projet, avant même son démarrage.
Deux ans plus tard, le projet a subi quelques « changements profonds », indique le maire de Lille, et devrait être présenté par la MEL « prochainement ». En attendant, les 30 000 m2 de bureaux s’ouvrent de temps à autres. Ils ont par exemple accueilli une trentaine de couturiers bénévoles, au sein d’un atelier de fabrication de sur-blouses, en pleine pandémie. Ou plus récemment... un marché fermier sur 5 000 m2.
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