Bruno Desprez (HDFID) : "Les Hauts-de-France ont un problème d'image"

Quel état des lieux faites-vous de l’innovation dans les Hauts-de-France ?

L'idée que la région a un déficit d'innovation est partiellement fausse. Le taux de R&D dépend du type d'activité. Par exemple, dans l’industrie agroalimentaire, ce taux est de 0,5 à 3 % du chiffre d'affaires. Malgré sa faiblesse apparente, ce pourcentage représente un effort financier conséquent. Dans les biotechnologies, il peut atteindre 12 à 15 %. Dans l’aérospatiale et la défense, les chiffres sont de l’ordre de 4%. Est-ce pour autant que ces secteurs n’ont pas des innovations remarquables ?

Le nombre de chercheurs n’est pas non plus l’indicateur le plus pertinent. Regardez l’Université de Lille et les entités qui gravitent autour. Combien a-t-elle d’équivalent dans les grandes métropoles françaises ? Nous disposons aussi de 70 agences, employant plus de 700 personnes. Je ne suis pas certain que toutes les régions disposent de telles ressources. Notre innovation présente aussi des faiblesses, c’est vrai. Nous souffrons d'une certaine hétérogénéité. Dans les concours nationaux ou européens, les Hauts-de-France sont trop souvent considérés comme issus d’une région frontalière fragile, caricaturée et présentée comme industrielle. Nous souffrons aussi d’un certain manque de reconnaissance auprès des instituts nationaux qui restent frileux à l’idée de s’implanter chez nous.

Comment HDFID stimule-t-elle l’innovation ?

HDFID a un rôle de guide et d’accompagnement. Nous essayons de diagnostiquer au mieux les besoins des entreprises pour les envoyer dans les bonnes agences. Il est impératif de mieux faire connaître aux entreprises cette richesse.

Notre fonctionnement peut être néanmoins amélioré. Nous n’avons pas un suivi assez qualitatif. Pour des raisons de rapport d’activités et de sources de financements, nous avons trop souvent privilégié le quantitatif. Il nous manque un bureau des "requêtes" !

Par ailleurs, le budget de HDFID dépend essentiellement de la Région et de l'Europe (FEDER). Il est nécessaire d'avoir d'autres sources de financement que ces subventions. Pour innover, nous avons aussi besoin d’une liberté d'action, d’être source d’innovation.

Quelles synergies peut-il exister avec les autres acteurs de la région, publics ou privés ?

Il existe déjà des actions bilatérales entre les pôles de compétitivité, les pôles d’excellence... mais nous pouvons faire mieux collectivement, par exemple sur les sujets transversaux. Il faut aussi que les gens se connaissent en travaillant ensemble, qu’ils soient plus apporteurs d’affaires. Pour cela, je pense que la formation continue tout au long de la vie (FTLV) est à développer.

De nombreuses entreprises qui font de la R&D sont trop discrètes. Nous avons sans nul doute un problème d’image, des difficultés "à nous vendre". Par exemple, les Hauts-de-France sont l’une des régions qui a le plus de diversité en fromages, mais qui le sait ?

Ces articles peuvent également vous intéresser :

Laboratoire Hemerion (Crédit : CHU Lille)
Publié le 28/09/2023 Yann Suty Grand Angle

L'innovation est-elle toujours le talon d'Achille de notre économie ?

L'innovation est-elle toujours le talon d'Achille de notre économie ? Les Hauts-de-France restent à la traîne des ratios de l'innovation. Ce point faible historique de notre économie tend pourtant à s'améliorer, avec de nouveaux outils, pas seulement financiers, et une mobilisation croissante des acteurs. Où en est vraiment l'innovation nordiste ? Notre enquête.

Emmanuel Delamarre, directeur Plaine Images.
Publié le 30/08/2023 Julie Kiavué Grand Angle

Emmanuel Delamarre (Plaine Images) : "On veut prouver que c'est chez nous que ça se passe !"

Atouts concurrentiels, axes de développement, fédération des forces vives... Le directeur de Plaine Images Emmanuel Delamarre déroule la stratégie adoptée par les acteurs du secteur pour permettre à la filière images nordiste de rayonner au-delà des frontières régionales.

Publié le 30/08/2023 Julie Kiavué Grand Angle

Enquête - Filière images : La région en point sur la formation haut niveau

Entre bac pro, BTS, licences et masters, sans oublier les formations continues, la région dispose d’un arsenal d’enseignement particulièrement riche. Dont certaines écoles d’excellence à la renommée mondiale. Les professionnels peinent à chiffrer les filières formant aux multiples métiers du secteur, tant leur nombre est élevé. Nord France Invest, qui se fonde sur un recensement de la CCI de 2017, évoque 160 filières formant quelque 8 000 élèves par an au sein de 25 établissements. Zoom sur quatre poids lourds.

Publié le 30/08/2023 Olivier Ducuing Grand Angle

Enquête - Filière images : Gros travelling avant pour Hikari

Le plus gros producteur audiovisuel au nord de Paris se lance dans la fiction. Et prépare une levée de fonds.

©CAPH - F. Delferiere
Publié le 30/08/2023 Julie Kiavué Grand Angle

Enquête - Filière images : Les Hauts-de-France se voient en haut de l’affiche

Voilà plus de 40 ans que la région fait le pari de la production cinéma, audiovisuelle et jeux vidéos. Mais la dynamique s'accélère nettement. Terre d’images et d’industrie créative, les Hauts-de-France surfent aujourd'hui sur une demande mondiale très tonique. Armée de ses forces vives, la région entend bien apparaître au générique. Moteur, ça tourne (fort !).

Publié le 27/06/2023 Olivier Ducuing Grand Angle

Décollage freiné pour Airfoils Advanced Solutions

Implantée à Sars & Rosières, l'entreprise de maintenance de pièces de moteurs d'avion a d'abord fait face au Covid avant de se heurter aujourd'hui aux pénuries de main d'œuvre, qui ralentit sa montée en régime.

Publié le 27/06/2023 Guillaume Roussange Grand Angle

Comment Somepic s'est préparé à l'après-crise

Le spécialiste de la mécanique de précision, basé dans la Somme, a tiré les enseignements de la crise. Et a mis cette période à profit pour moderniser son outil de production et attaquer de nouveaux marchés.

Publié le 27/06/2023 Guillaume Roussange Grand Angle

Aéronautique : Une filière bien ancrée sur l'ensemble de la région

Les statistiques diffèrent selon les sources mais selon les professionnels, la filière rassemble environ 200 entreprises pour quelque 10 000 salariés.

Après le dernier salon du Bourget, Airbus affiche un carnet de commandes qui approche désormais les 8 000 appareils!
Publié le 27/06/2023 Guillaume Roussange Grand Angle

Aéronautique : Après la menace du crash, un redécollage sous tension

En région, la filière aéronautique est sortie de la zone de turbulences créée par le Covid. Son redécollage extrêmement rapide profite à l’ensemble des industriels, mais génère aussi des tensions sur le front de l’emploi.