Emmanuel Delamarre (Plaine Images) : "On veut prouver que c'est chez nous que ça se passe !"

Emmanuel Delamarre, directeur Plaine Images. Emmanuel Delamarre, directeur Plaine Images.

Atouts concurrentiels, axes de développement, fédération des forces vives... Le directeur de Plaine Images Emmanuel Delamarre déroule la stratégie adoptée par les acteurs du secteur pour permettre à la filière images nordiste de rayonner au-delà des frontières régionales.

La Plaine Images est officiellement née en 2012. Quelle était l’ambition ?

Dès le départ, l’objectif était de créer une structure pour accélérer les sujets d’innovation et de développement économique pour la filière régionale des industries créatives, pour le territoire et à partir du territoire. A l’époque, le projet reposait sur deux piliers, l’audiovisuel et le jeu vidéo. Avec un principe : s’appuyer sur l’existant. On a la chance d’avoir sur le territoire métropolitain Ankama, Nacon et 52 Entertainment, trois structures majeures du jeu vidéo qui rayonnent dans le monde. On s’est appuyé sur leur savoir-faire. Quand on a des modèles comme eux, cela crée une dynamique, fait des émules et donne envie d’aller plus loin.

Depuis, on a rajouté un troisième pilier, la musique. Le lien entre la musique, l’audiovisuel et les jeux vidéos existe depuis très longtemps. Ces milieux doivent se parler. C’est aussi ça l’innovation. Quand l’auteur-compositeur Jean-Michel Jarre organise un concert dans le métavers et rassemble 75 millions de personnes, ça questionne! Pour agréger ces professionnels, on a développé toute une offre de services comme un programme d’incubation dédié ou encore la signature d’un partenariat avec la Sacem, entre autres.

Votre secteur est extrêmement concurrentiel. Quelle est la stratégie régionale ?

Être toujours en veille sur les innovations et les mouvements du marché pour que nos entreprises régionales s’en saisissent plus vite que les autres. Et ainsi prouver à celles qui ne sont pas sur notre territoire que c’est chez nous que ça se passe ! On se veut suffisamment ouvert sans pour autant se dévoyer. On s’intéresse aux sujets de data, d’IA, de technologies immersives et de blockchain, notamment pour la garantie de la propriété. Mais aussi à la décarbonation de nos activités. Il y a une claire conscience de l'impact environnemental de nos univers. On ne va pas se voiler la face ! Quand on joue à des jeux en réseau par exemple, évidemment qu’il y a un impact. Maintenant, la question c’est comment on s’organise, on produit et on diffuse différemment.

Est-ce suffisant pour faire la différence à l’échelle mondiale ?

Il y a une forte concurrence, c’est indéniable. Mais sur certains marchés, comme Montréal, la pression sur le marché de l’emploi fait grimper les salaires. Ce qui pose un vrai sujet en terme de rentabilité des productions. Tout cela couplé avec la difficulté à faire revenir les gens au bureau post Covid. C’est pourquoi nous avons des discussions avec des entreprises canadiennes sur d’éventuelles implantations en Europe continentale à travers des antennes. Côté Anglais, le Brexit impose aux studios des principes d’immigration plus lourds et leur coupe l’accès aux fonds européens. Certains cherchent aussi à revenir en Europe en s’associant à ceux déjà sur place. On a donc plusieurs sujets en ce sens.

Enfin, on a la chance d’avoir un socle d’enseignement de haut niveau, d’excellence et de rang international avec Rubika, le Pôle IIID, Serie Mania Institute et depuis peu ArtFX. Si cette école du sud a décidé de venir s’implanter à Tourcoing, c’est qu’il y a un vrai potentiel. On a une capacité à fournir du talent. C’est un point très regardé par les acteurs mondiaux et notamment ceux qui souhaitent venir chez nous.

Avez-vous une réflexion sur l’exportation du modèle Plaine Images ?

C’est une vraie question de fond à laquelle je n’ai pas encore la réponse. Mais on l'évoque avec nos partenaires financiers et institutionnels. C’est une voie de développement possible pour notre filière. Exporter un savoir-faire signé Plaine Images peut être bénéfique pour le cœur du dispositif. On ne s’empêche pas d’y penser et d’expérimenter.

Développement rime avec financement. Ce dernier est-il à la hauteur des ambitions ?

C’est tout l’objectif de Pictanovo depuis sa création. Financer et cofinancer des projets autour du cinéma, du cinéma d’animation, du jeu vidéo. Il y a une vraie volonté régionale d’accompagner nos productions. On a la chance d’être bien armé là-dessus et d’avoir un Conseil régional très présent avec un soutien annuel de 8 M€. Ce qui fait de nous, en terme de fonds, la plus grosse région après Paris. Nos métiers sont particuliers. Dans notre milieu, on accompagne à la fois les entreprises mais aussi leurs projets et leurs œuvres. De l’écriture jusqu’à leur production.

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