Questions à Sophie Pouillart, déléguée générale du cluster Altytud
"La reprise est très intense"
2023 a signé le grand retour des industriels des Hauts-de-France au salon du Bourget. En quoi la participation à cet événement est-elle stratégique ?
Le Bourget constitue une occasion pour nos industriels de montrer leur capacité à innover et de répondre aux demandes des donneurs d’ordres. Le salon est un événement qui couvre plusieurs champs sur lesquels nous travaillons : le business bien sûr, mais aussi l’innovation, le recrutement, les enjeux de décarbonation... C’est aussi l’occasion pour eux de mieux anticiper les futurs enjeux du secteur. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons choisi d’exposer collectivement sur le Hall 2b afin de nous rapprocher des acteurs majeurs et donner à notre participation une coloration industrielle et business très forte. Au total, les industriels de la région ont été une quarantaine à exposer en collectif et une quinzaine en individuel.
Comment analysez-vous la conjoncture actuelle ?
La période de reprise est très intense. Depuis le second semestre 2022, les cadences ont redécollé. Les annonces faites par le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) et les grands industriels ont ruisselé sur l’ensemble de la supply chain. Tous les sous-traitants ont des carnets de commandes conséquents et s’inscrivent dans cette dynamique de reprise des activités. Les retards d’approvisionnement en matières premières existent toujours et les nouvelles commandes imposent de nouveaux recrutements. Les tensions sur l’emploi dans le secteur sont prégnantes. A l’échelle nationale, 25 000 emplois sont annoncés. A l’échelle régionale, sur le seul premier semestre, nous avons recensé 470 postes ouverts par une quarantaine d’acteurs. Les besoins concernent en premier lieu les opérateurs qualifiés, dont notamment le métier d’ajusteur-monteur ou d’opérateur sur machine à commandes numériques. N’oublions pas non plus les métiers de l’ingénierie, en R&D ou en bureau d’études, dessinateurs, projeteurs... Les fonctions support sont logiquement moins concernées.
Quelles prochaines actions allez-vous mettre en œuvre pour tenter d’endiguer ces difficultés ?
Nous allons poursuivre et intensifier notre action. C’est-à-dire, en premier lieu, fédérer les acteurs industriels sur l’ensemble de la région Hauts-de-France, leur permettre de mieux se connaître et de travailler ensemble sur l’innovation. L’objectif est qu’ils puissent faire face à tous ces défis durant cette période de reprise très intense. Nous allons aussi les accompagner dans leur stratégie d’innovation, notamment grâce à Altylab, notre cellule de R&D mutualisée afin que les entreprises puissent pérenniser leurs activités industrielles et se positionner sur les marchés demain. De même, notre stratégie porte également sur l’attractivité de la filière que nous devons encore renforcer pour pallier les difficultés de recrutement.
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