Le spécialiste des robots miniers Tecman veut doubler de taille

30/01/2023 Guillaume Roussange Export

Le durcissement des réglementations favorise les solutions proposées par Tecman, qui travaille à 80% à l'export.

Confronté à une conjoncture internationale compliquée, le fabricant saint-quentinois d'engins robotisés pour les mines doit piloter sa stratégie export avec adresse.

C’est un discret champion de l’export qu’abrite la zone d’activités du Bois de la Chocque à Saint-Quentin : Tecman, spécialiste des engins robotisés destinés à l’industrie minière. Le groupe de 65 personnes (dont 40 dans son usine de l’Aisne) réalise 80% de son chiffre d’affaires à l’export. Pourtant, rien ne prédestinait le bureau d’études, fondé en 1993 par Luc Templier, à ce destin international. «Mon père a commencé un peu par hasard en créant une première machine pour un carrier du Boulonnais. La solution a séduit et, finalement, de grands groupes tels que Lafarge ont adopté nos solutions », explique Thomas Templier, directeur général. La stratégie export s’est donc constituée progressivement, en accompagnant les géants français du secteur dans le monde.

Trente ans plus tard, le groupe, qui réalise 10 M€ de chiffre d’affaires, dispose de filiales en Afrique du Sud, au Chili, ainsi qu’au Royaume-Uni. Il est aussi présent en Amérique du Nord et dans l’ensemble des pays de la fédération de Russie. «Globalement, le secteur se porte bien, mais il est soumis à des freins importants », souligne le dirigeant. Premier d’entre-eux : les sanctions à l’encontre de la Russie, le plus grand pays minier du monde. «On doit passer par des intermédiaires, c’est très complexe, mais il est impossible de ne pas travailler avec cette zone », estime-t-il. Autres difficulté : la crise du Covid et ses conséquences sur la filière des composants nécessaires à la fabrication des engins de chantier, qui ont retardé nombre de projets miniers. «Cette conjoncture nous pousse à revoir nos zones de prospection. On lève le pied sur la Fédération de Russie au profit de l’Afrique et de l’Amérique Latine. C’est difficile, il y a beaucoup d’inertie dans le secteur. Rentrer chez un nouveau client prend 4 ou 5 ans. L’Amérique latine, par exemple, a une forte culture de la documentation, c’est un enfer administratif. On remplit des étagères de paperasse ! », déplore Thomas Templier. Tout n’est pourtant pas noir dans le secteur minier.

Les évolutions réglementaires, environnementales notamment, poussent les donneurs d’ordres à renouveler leur process, à changer leurs machines. Une chance pour Tecman, qui s’est fait une spécialité des engins électriques, pilotés à distance. En 2023, l’entreprise commercialisera d’ailleurs un petit robot chenillé, doté d’un bras robotisé, capable de se glisser dans les galeries instables pour les sécuriser. «On sauve des vies, tout en améliorant les conditions de travail et le bilan CO2 des carrières », se félicite le directeur général. Avec cette innovation, le groupe Tecman espère doubler de taille d’ici cinq ans.