L'Ecole de la deuxième chance essaime en région

Malgré des traits tirés, Michèle Mathé arbore un véritable sourire. L'école de la deuxième chance (E2C) va " essaimer " en région. Chargée d'une mission d'appui technique qui doit permettre de multiplier le dispositif initié par la Chambre de Commerce Grand Lille dans le Nord-Pas de Calais, elle va proposer sa " boîte à outils " aux futures écoles dès 2011.
Cette ancienne adjointe au maire de Liévin a déployé une énergie considérable pour permettre " une intégration professionnelle et sociale durable des jeunes sortis du système éducatif sans qualification ni emploi ".

" L'Etat s'est beaucoup intéressé au dispositif et a décidé de le faire monter en puissance", explique-t-elle. En France, 25 écoles de la deuxième chance forment actuellement 5500 jeunes chaque année. Un chiffre que les pouvoirs publics voudraient voir doubler très rapidement. " L'Etat, la Région et les Chambres de Commerce nous ont demandé d'intervenir en appui technique pour la création de trois nouvelles écoles de la deuxième chance dans le Nord-Pas de Calais", témoigne-t-elle.

Une demande qui fait suite à la décision du Conseil Régional de Septembre 2009. Les élus ont décidé d'appuyer un dispositif permettant d'accueillir chaque année un millier de jeunes formés dans quatre écoles réparties sur l'ensemble du territoire régional.
Les quatre écoles seront implantées dans le sud du département (Valenciennes-Maubeuge), sur le territoire Grand Lille, dans l'Artois et sur le littoral. La CCI de Valenciennes travaille à sa création. La mairie de Liévin vient tout juste de créer son école en décembre dernier.
Chacune de ces quatre écoles pourra disposer de plusieurs sites. " Nous aurons à accueillir cinq fois plus de jeunes qu'aujourd'hui !", relève Michèle Mathé. Une véritable montée en puissance pour l'E2C qui, depuis sa création en juin 2007, aura mis le pied à l'étrier à quelque 300 jeunes (189 pour la seule année 2009) .

Du sens à leur carrière

Roubaix fait figure d'école historique. C'est en effet la première. Celle qui sert de modèle. Deux nouveaux sites sont déjà prévus sur le territoire Grand Lille. " Saint-Omer et Armentières devraient démarrer fin 2010 ", confie t-elle. Quant à celui de Lille Moulins, il est déjà opérationnel depuis février dernier. Michèle Mathé évoque également l'ouverture de deux autres sites : l'un à Douai et l'autre à Tourcoing.
L'école de Roubaix tourne actuellement avec 22 salariés, dont certains d'entre eux ont quitté leur précédent emploi " pour donner un peu plus de sens à leur carrière ". Des bénévoles interviennent aussi en appui technique auprès des équipes permanentes. D'ici 2011, l'école du territoire Grand Lille devrait multiplier son budget annuel par quatre (plus de 4M) pour faire face à l'ouverture des nouveaux sites.

400 entreprises en fichier

Michèle Mathé est plutôt fière que l'école de Roubaix soit le seul établissement français dont les ressources financières proviennent plus du privé que du public. Sur un budget d'un peu plus d'un million d'euros, l'Europe (FSE), l'Etat et la Région apportent en effet 47%. Les 53% restants proviennent des financements privés, des organismes consulaires et des taxes d'apprentissage.

Pour elle, le fait que le monde économique ait porté l'école sur les fonts baptismaux est " lourd de sens ". " Chez nous, les entreprises sont de véritables acteurs. Elles participent activement à la pédagogie ", n'hésite-t-elle pas à affirmer.
" Nous avons 400 entreprises dans nos fichiers, dont le quart est vraiment actif ". Les unes fournissent des stages, d'autres font découvrir leurs métiers, certaines d'entre-elles participent aux entretiens, au club d'entreprise ou au conseil d'administration. La porte des E2C leur est toujours grande ouverte.