Dans les coulisses de Bonduelle

Ce mois-ci Eco121 ouvre les portes de l'usine historique du groupe Bonduelle, à Renescure. C'est dans la ferme familiale que Bruno Bonduelle, notre billettiste, est lui-même né. Cette unité a été construite en 1926, vingt ans avant la naissance de la marque. On y trouve les technologies du surgelé et de l’appertisé, c’est-à-dire aussi bien la conserve que les bocaux.

Malgré ses 20 ha, le site n'est pas le plus gros du groupe - il s'agit de l'usine d'Estrées dans la Somme - mais demeure un très gros actif industriel. Il produit majoritairement des pois et carottes, avec un pic d'activité entre juin et septembre, auquel succèdent les légumes d'automne, mais aussi les légumes secs désaisonnalisés (lentilles, pois chiches, haricots blancs...). L'usine de Renescure produit la marque Bonduelle majoritairement pour l'Allemagne (à 65%), le Benelux, l'Italie.

Photos : Sophie Stalnikiewicz

Lors de notre reportage, l'usine recevait des flageolets de la plaine agricole environnante pour réaliser des macédoines de légumes (50% de légumes verts plus des carottes et des navets). En haute saison, elle peut recevoir jusqu'à 800 tonnes de pois et 450 tonnes de carottes par jour.

Un prélèvement est opéré en amont avant le déchargement pour vérifier la conformité du produit avec le cahier des charges. On vérifie par exemple la présence d'insectes ou les légumes tâchés.

Les flageolets sont ensuite versés dans des trémies et entrent dans les lignes de lavage où des trieuses enlèvent tout corps étranger.

Les légumes sont ensuite envoyés par dispatching sur une ligne, en fonction de leur calibre, de leur qualité, notamment.

L'eau du process est recyclée. Le produit est ensuite porté à 85° avant d'être mis en boîte. Le jus est ensuite ajouté, avec ou sans sel. L’unité conditionne en tous formats : 4/4, 1/2 et 1/4 pour les conserves, 37 cl , 58 cl ou 72 cl pour les bocaux verre.

 

 

 

Les boîtes sont ensuite serties et envoyées dans un stérilisateur, où la température est portée par paliers à 129°, température maintenue pendant 11 minutes avant d'être ramenée progressivement à 40° en sortie. Bonduelle reste très discret sur cette phase où se concentre une bonne partie de son savoir-faire. C'est aussi là que les plus gros investissements industriels ont été opérés ces dernières années.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les contrôles qualité sont omniprésents. 4000 échantillons de surgelés sont analysés chaque année. Pour la conserve, le contrôle est permanent, à commencer par l'autocontrôle des opérateurs. Le sertissage - phase essentielle garantissant l'étanchéité parfaite - est vérifié chaque heure. Sur les lignes, les produits sont passés aux rayons X systématiquement. Les contrôles sont complétés d'audits pour les marques distributeurs, à travers les certifications IFS (International Food Standard) et BRC pour les marchés britanniques.

 

 

En sortie de chaîne de stérilisation, les boîtes sont marquées, afin d'en assurer la parfaite traçabilité. Comment lire le code sur une boîte : RMA signifie que le contenu est de la macédoine. 0850 renvoie au format 4/4. 1002 est une codification interne pour le jus. L9 indique Lot 2019. 297 est le 297e jour de l'année. 001 est le code de l'usine de Renescure. 04 est la ligne de fabrication. Enfin, 16h06 est l'heure de sortie du stérilisateur. L'usine compte 4 stérilisateurs au total. Entre la récolte dans le champ et la mise en boîte, il ne s'écoule pas plus de 8 heures, ce qui permet de garder le maximum de vitamines.

 

Après stérilisation, les boîtes sont stockées 11 jours dans des zones chauffées à 18-19°, puis entreposées dans d'immenses magasins. La saisonnalité par nature de la production contraint l'entreprise à de très gros volumes de stockage pour servir les clients tout au long de l'année. Le site peut stocker 75 000 tonnes, soit quasiment l'équivalent d'une année de production.

Au plus fort de l'activité, l'usine peut expédier jusqu'à 800 tonnes/jour, soit 25 poids lourds.

 

L'usine de Renescure en bref

Création : 1926

Surface : 20 ha dont 16 ha couverts

50 légumes différents traités

Production : 80 000 T/an

8 lignes de conditionnement

Effectif : 530 équivalent temps plein, pic jusqu'à 800 personnes en saison

Deux organisations de producteurs sur la zone, soit 1200 agriculteurs et 20 000 ha 

Guillaume Debrosse, directeur général de Bonduelle :

« Nos sites du Nord de la France sont éminemment stratégiques pour nous » 

Bonduelle est une multinationale. Quel sens a encore son implantation régionale ?

C'est un ancrage capital. Il révèle ce qu'est l'ADN de la famille et du groupe, essentiel dans l'identité qu'on veut avoir et que l'on transmet aux collaborateurs. Dans le parcours d'intégration, il y a d'ailleurs toujours un passage à Renescure. Au-delà, toute la région Hauts-de-France est un des piliers majeurs du groupe, avec 2500 salariés sur 11 000, soit les deux tiers de nos effectifs en France. On a concentré ici parmi les plus gros centres de transformation et de réexpédition sur nos zones européennes. C'est aussi le lieu de fermes pilotes en Picardie pour déployer nos pratiques de transition agroécologique, ou encore de nos centres d'innovation. 

Il y a eu des réorganisations dans le passé. Quelle est la pérennité de vos sites régionaux ?

Ce sont des usines très compétitives, au cœur de nos bassins de production, et moteurs de production sur l'ensemble du périmètre européen. Le nord de la France est un bassin très spécifique, idéal pour la culture de légumes verts. Ces sites sont éminemment stratégiques pour nous !

On connaît Bonduelle surtout pour vos produits, moins pour votre travail amont avec les agriculteurs...

Cette relation avec les agriculteurs existe depuis 1853, avec une juste répartition de la valeur, en s'assurant d'une logique de pérennité. Elle s'appuie sur la confiance et le partage d'une même ressource, la terre. On a 260 agronomes « chefs de plaine » dans le monde qui travaillent main dans la main avec eux. On choisit la variété, on fournit les semences, et nous les accompagnons ensuite, depuis la récolte et jusqu’à ce que le légume arrive dans l’usine. L'agriculteur du Nord va chercher une garantie de revenu, et de rotation pour ses cultures.

Comment accompagnez-vous la mutation de l'agriculture ?

Nous sommes un acteur engagé dans un mode de transition agroécologique plus respectueux de l'environnement, au service d'une alimentation saine, sûre, durable et accessible. Nous pratiquons à la fois l'agriculture raisonnée, le bio et le sans résidu de pesticide, alternative entre le conventionnel et le bio. On souhaite être aux avant-postes avec le smart farming : on teste les drones, le bio-contrôle, les images satellites... 

Votre activité est très dépendante de la météo. Comment faire face au changement climatique ?

C'est un enjeu absolument majeur pour nous, dans la manière d'analyser les risques, dans une approche systémique. Dans chaque bassin de consommation, on peut chercher des zones plus protégées, comme en Nord-Picardie où les zones proches des côtes montent moins en température. Il s'agit aussi de la répartition de nos zones de production. Il est rare que tous les bassins de production souffrent en même temps, même si en 2018 tout l'hémisphère nord était affecté. Nous avons aussi une approche de recherche de variétés plus résistantes avec les semenciers. Nous travaillons sur les pratiques culturales, l'irrigation fine ou encore le non labour.

Bonduelle a été parmi les pionniers sur beaucoup de sujets du développement durable. Comme entreprise responsable, nous réduisons notre empreinte carbone, avec des objectifs de réductions des emballages plastiques pour aller vers des solutions d'emballages recyclables et réutilisables à horizon 2025. 

Bonduelle semble idéalement placé face à la montée en puissance des mouvements vegan, de l'alternative à la viande...

On a clairement une tendance de fond porteuse sur l'ensemble de nos marchés, qui nous donne des perspectives extrêmement positives. Un Français sur trois est « flexitarien », consomme beaucoup moins de protéines animales qu'avant, il y a de plus en plus de comportements végétariens. Nous sommes en plein dans cette révolution alimentaire, en réponse à cette conscience environnementale mais aussi aux défis démographiques mondiaux. On arrive aujourd'hui avec beaucoup d'innovations dans ce sens mélangeant céréales, légumineuses, graines, pâtes de légumes sans gluten. On a lancé des gammes où le légume n'est plus l'accompagnement mais devient le centre de l'assiette.

Ces articles peuvent également vous intéresser :

Publié le 27/03/2019 Julie Kiavué Photoreportage

Dans les coulisses d'Alstom

Comme chaque mois, Eco121 vous emmène à la découverte de nos belles entreprises régionales. Ce mois-ci, chez Alstom à Petite-Forêt, qui renoue avec une production régulière et intensive après deux années d'accalmie.

Publié le 26/02/2019 Olivier Ducuing Photoreportage

Dans les coulisses d'AlterEos

Comme chaque mois, Eco121 vous emmène à la découverte de nos belles entreprises régionales. Ce mois-ci une entreprise emblématique de l'economie sociale et solidaire, Alter-Eos, un champion français de l'emploi adapté aux personnes en situation de handicap

Bernard Vanderschooten (à g.) et l'équipe de la nouvelle marque du groupe A demain.
Publié le 29/01/2019 Julie Kiavué Photoreportage

Bernard Vanderschooten : « Sans notre virage, nous aurions certainement disparu ! »

Ce mois-ci, Eco121 vous emmène dans les coulisses du créateur de linge de lit Vanderschooten. Rencontre avec son dirigeant Bernard Vanderschooten.

Publié le 29/01/2019 Julie Kiavué Photoreportage

Dans les coulisses de Vanderschooten

Comme chaque mois, Eco121 vous emmène à la découverte de nos belles entreprises régionales. Ce mois-ci, le créateur de linge de lit Vanderschooten, qui a résisté aux difficultés du marché textile en engageant un virage vers le haut de gamme.

Publié le 27/11/2018 Guillaume Roussange Photoreportage

Dans les coulisses de Dény Security

ECO121 vous emmène à la découverte de nos belles entreprises régionales. Aujourd’hui chez le fabricant de serrures et solutions de fermetures Dény Security à Saint-Blimont dans la Somme.

Publié le 27/11/2018 Guillaume Roussange Photoreportage

"Le smartphone est une vraie révolution dans le monde du contrôle d'accès"

Rencontre avec Franck Chevalier, directeur général de Dény Security.

Publié le 30/03/2018 Olivier Ducuing Photoreportage

Frédéric Gaucher, Président de Minafin : «La chimie rencontre des handicaps spécifiques sur le marché français»

Le dirigeant du groupe Minafin expose sa stratégie et pointe les surcharges fiscales et administratives dont souffre l'univers de la chimie dans notre pays.

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France
Publié le 31/01/2014 Olivier Ducuing Photoreportage

Dans les coulisses d'Api Restauration

Chaque mois Eco 121 braque ses projecteurs sur une entreprise de taille interme?diaire de la re?gion, ces socie?te?s trop rares dans notre pays qui ont atteint la masse critique pour porter de grandes ambitions. Dans ce numéro, visite chez Api Restauration, à Mons-en -Barœoeul, qui vient de signer une acquisition stratégique en Allemagne.