Ragaillardi par ses finances, le Nord retrouve la voie de l'investissement
Nord. Recettes en très nette hausse, nombre d'allocataires du RSA en recul spectaculaire : le premier département de France retrouve de fortes marges de manœuvre... et des ambitions.
Il est loin le temps où Christian Poiret, alors vice-président au budget, évoquait très sérieusement l'hypothèse d'une mise sous tutelle préfectorale. Désormais président du conseil départemental du Nord, il vient de faire adopter son tout premier budget marqué par des finances aux ratios euphoriques.
Pas de quoi lui faire perdre la tête néanmoins, l'exécutif évoquant sobrement « un budget ambitieux et responsable ». Le premier conseil départemental français (2,6 millions d'habitants) affiche ainsi un budget de 3,6 milliards d'euros qui fait la part belle aux investissements. L'enveloppe atteint 337 M€, près du double du niveau d'il y a six ans (170 M€ en 2015), et en hausse de 12% sur un an. « Avant la fin du mandat, nous serons à 400 M€ », affirme Christian Poiret avec conviction.
L'assainissement des finances est tel qu'il offre des marges de manœuvre enviables. La capacité de désendettement de la collectivité, qui naviguait dans des eaux très dangereuses à 13,5 années de remboursement en 2015, a été ramenée à 6,2 ans ; la dette par habitant est redescendue à 446 euros contre 597 € pour la moyenne des départements de même strate de population; les recettes s'accumulent dans les caisses avec le double effet positif de la reprise économique sur la TVA (dont les Départements touchent désormais un pourcentage, en remplacement de la taxe foncière) et sur les droits de mutation à titre onéreux (les « droits de notaire »).
Grâce à l'emballement du marché immobilier, les recettes de DMTO sont passées en un an de 366 M€ à 450 M€! Un bonus exceptionnel de 84 M€. Pour 2022, l'exécutif table prudemment sur un retour au niveau précédent dans ses prévisions financières.
35 M€ en moins à débourser sur le RSA
Ce n'est pas tout: conjugués à la bonne dynamique économique, les efforts engagés sur le dernier mandat pour remettre les allocataires du RSA à l'emploi ont payé. Les 116 000 allocataires de 2015 sont devenus 93 613 aujourd'hui.
Et le cap des 90 000 n'est plus très loin, veut croire Doriane Bécue, vice-présidente en charge de l'insertion et de l'emploi. Avec une conséquence sonnante et trébuchante : ce sont 35 M€ en moins à débourser. « On réinvestit sur l'accompagnement des allocataires pour les sortir de la précarité », indique l'élue tourquennoise, qui annonce notamment la création de sept maisons de l'insertion et de l'emploi, soit un montant de 4 M€, dédiées aux moins de 35 ans.
Ces derniers représentent 41% des allocataires, soit plus de 38 000 personnes. « L'objectif, c'est la remise à l'emploi, on est prêt à mettre de l'argent. On ne veut pas les garder (dans le RSA, ndlr) jusqu'à 65 ans », s'exclame Christian Poiret qui prévoit d'aller à la rencontre des chefs d'entreprise de chaque arrondissement en compagnie de Doriane Bécue pour les mobiliser sur l'emploi. Le président du Département rappelle les deux lignes de force de son budget : d'un côté la stabilisation des dépenses de fonctionnement (+0,1% seulement en 2022), et l'accroissement de la capacité d'autofinancement, grâce à la culture de la recette.
« Le département n'est pas un distributeur automatique de billets, il doit aussi faire rentrer ce qui lui est dû. Un euro, c'est un euro », lâche l'élu douaisien. Exemple parmi d'autres : le Département se retourne vers les successions des personnes en Ephad décédées, pour rembourser une partie des frais. De quoi récolter 11 M€ en 2021 contre 1 M€ dans le passé.
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